29 novembre 2006

Adios Las Vegas (1)

Chapitre 1

Mike, 27 ans, a passé la journée au soleil du Nevada. Il a soif. Ce n'est que maintenant qu'il le remarque. Il est sur le Strip, l'avenue centrale de Las Vegas. Il vient d'arriver au bout de la partie construite, bordée d'hôtels. Il rebrousse chemin. Les hôtels de ce bout du monde avant le désert déclinent des thèmes de l'Orient, du Sahara, d'Aladin, et ont un peu vieilli. Dix ou quinze ans? C'est vieux ici, très vieux pour un hôtel. Mike, imprégné de cette ambiance surannée, entre dans un centre multi-restaurants populaire. Il se commande un sorbet au citron, et se met en terrasse intérieure dans l'air conditionné. Son corps évacue la chaleur. Ca fait du bien. Militaire, prêt à partir pour le désert, le vrai, sans air conditionné, Mike passe une semaine de permission à Las vegas. Il devait y retrouver une bande de copains, mais eux ont dû annuler. Ils ont été appelés en opérations plus tôt que prévu. Lui, il avait payé son séjour, donc il est venu.
Que peut offrir Las Vegas à un militaire en permission?

La détente des spectacles: chanson, danse, comédie musicale, théâtre. La scène de Las Vegas est variée.
Le jeu: machines à sous, casinos au petit gling gling permanent, où des hôtesses court-vêtues et aux amples décolletés vivent de pourboires en servant des boissons gratuites aux joueurs.

Les prostituées "dans ta chambre en quinze minutes" annoncées par les panneaux circulants sur des pick-ups qui parcourent le Strip en permanence.
Le shopping, en particulier des objets thématiques correspondant au style de chaque hôtel. Mike aime bien les lions du MGM Grand et du Cesar's Palace.
Il y a même des galeries d'art et des expositions.
Tiens, pourquoi pas? Couleurs intéressantes: Venise au XVIIIe siècle, études de perspective déformée: selon une sphère où un ellipsoïde. Tiepolo, et d'autres. Mike s'immerge dans l'art baroque. Il laisse chanter en lui les verts, les oranges et les jaunes. Un calme maritime établit son empire. Tableau après tableau, plaisir méditatif. Sensation rare et nouvelle: Mike n'est pas fanatique des musées, mais ces vacances il faut bien les remplir, s'en servir pleinement. On ne sait pas ce qui viendra après. Peut-être rien justement. Ne pas mourir. Bon, mourir c'est possible mais soit c'est pas de chance, soit c'est la conséquence d'une fausse manoeuvre,d'une maladresse, d'une imprudence. Rester pro, c'est le plus sûr moyen de se prémunir contre l'erreur. Comme au jeu vidéo, en opérations, il faut être concentré mais pas crispé, rester un peu détendu.
Vivre un tableau, le laisser entrer en soi, en même tempsl'absorber, puis comme en prime, passer au suivant. Cela deveient un jeu, presque un jeu vidéo: on gagne un niveau, on change de tableau. Mike s'aperçoit que le même procédé marche dans une exposition, avec un jeu de couleurs.
L'exposition se poursuit par des oeuvres contemporaines reprenant les structures géométriques sous-tendant les volumes des oeuvres baroques, voire la palette, en réinterprétant, en battant les cartes pour redonner la pointe de l'esprit baroque, ce facteur unique et rare d'étonnement. Mike se réjouit en se disant qu'il est encore temps de se remplir les yeaux de sensations intéressantes.
Les yeux dans l'harmonie visuelle de Tiepolo. La langue dans un sorbet au citron. C'est acide et rafraîchissant.
A SUIVRE...

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