27 décembre 2006

La femme ailée (5)

Plus tard, bien plus tard mais trop tôt, il y avait eu les cris, les déchirements.

La passion de Stefano pour les plantes, sans limite, était devenue intolérablement oppressante pour Asphélia. Elle se voyait entravée par les vertes ramifications, toujours en croissance, toujours en conquête, empiétant sur l'espace personnel d'Asphélia. Asphélia, femme ailée, voulait se mouvoir librement. Stefano remplissait son espace statique. Il le réduisait comme dans une guerre de position. C'était une colonisation aussi hérissante et désagréable que celle des acariens dans un lit. Stefano, quant à lui, n'en pouvait plus de subir la critique silencieuse et implicite d'Asphélia.

Les crises se multipliaient.

Invariablement la sortie de crise se faisait selon un schéma de dissolution malsaine et frénétique, un semblant de réconciliaition qui ne dupait personne. En fait la guerre continuait sur un autre terrain. Pour généraliser Clausewitz, la continuation de la guerre par d'autres moyens, sur le terrain de l'amour expiatoire, où les corps luttent, se donnent un plaisir vengeur, un plaisir pardon, un plaisir regret. Ca se termine la bouche pleine de sel.

Une tragédie de croire s'aimer encore, tout en perdant prise, et en voyant s'effilocher les dernières trames du tissu qui vous liait.

La peur de la passion impasse, celle qui vous dévore sans plus vous nourrir.

Un rêve horrible d'Asphélia précipita la fin de cette histoire. Ce rêve montrait les plantes déchaînées dans une croissance digne d'un jeu vidéo, rapide au-delà de l'entendement. Stefano était devenu la racine centrale des plantes ennemies. Les arborescences dynamiques accueillaient les suicidés du XIIIème cercle de l'Enfer de Dante. Ces âmes irrémédiablement damnées se morfondaient dans d'infinies souffrances reflétées par les convulsions tordues de la forêt dense. Enfer, oppression, atmosphère humide irrespirable, Stefano hydre verte, et les suicidés.

En sortir. Tout de suite.

Asphélia se réveilla en sueur.

Stefano continuait à dormir. Elle avait fait son sac au minimum, et s'en était allée tant qu'elle le pouvait encore.

La femme ailée (4)

L'opus maior de Stefano, selon Asphélia, c'était ces matins où, dans le lit chaud, il peignait pour elle et en elle. Son grand pinceau, partie intégrale et pensante du corps de l'homme, donnait un récital de sensations inouïes à la femme ailée. Après avoir exploré Asphélia sur un mode tactile précis et délicat, puis butineur en douce succion, introit son pinceau cylindrique et gonflé de gouache monochrome et chaude. Elle se sentait peinte du dedans, comme si un univers apparaissait en elle, une Création surgie du Chaos originel, paysages et portraits.Elle portait en elle une foule d'oeuvres, devenait grotte sanctuaire, abritant des oeuvres rupestres. Son humidité faisait vivre des mondes nouveaux. Le pinceau cylindrique de chair la nourissait de cette unique couleur translucide dont dérivaient toutes les autres teintes de la vie. En parallèle ou plutôt en entrelacement, en répons, Asphélia voulait couvrir le corps de Stefano d'écrits incantatoires, des mots d'une philosophie essentielle. Elle se voyait caressant toute la surface du corps de l'Homme, lui couvrant la peau d'un manteau verbal magique et doux. Ses mains caressaient, en des gestes calligraphiques, créant un tatouage sensoriel, un invisible graphique. Pour l'amour... Des mots en efflorescence. Asphélia étendait ses ailes sur Stefano, ils s'envolaient tous deux. Si haut. Un vol icarien.

23 décembre 2006

La femme ailée (3)

C'est l'hiver. Une belle journée froide. Le soleil ne réchauffe pas beaucoup. Asphélia, en manteau, écharpe et gants, n'a pas froid. Elle s'abandonne à l'écoute de la Ville Lumière, aux palais de pierre et d'acier. Elle laisse monter en elle le thème d'April in Paris en style de jazz be-bop.
Asphélia vogue sur les flots du destin.
Elle revoit New York, son immeuble préféré, le Flat Iron, les avenues balayées par des rafales glacées.
Il y avait eu un concert au Sweet Basil, par un grand pianiste sud-africain dont tout le monde parlait. Asphélia était assise à une table près des musiciens. La musique avait détendu son corps. Elle se sentait en harmonie avec le lieu, avec le son, avec l'ambiance. Ala sortie -elle se préparait à rentrer seule, comme elle était venue, chez une amie qui l'hébergeait- un jeune homme lui avait souri. Beau sourire. New York la ville où l'improbable se réalise. La ville aussi où ce qu'on attend raisonnablement n'arrive pas, est toujours repoussé à plus tard par cette malédiction de grande ville qui dilue tout dans la foule, et broye les aspirations individuelles légitimes. Femme seule et libre, cherchez à vous marier à New York: impossible.
L'inconnu, inattendu, c'était Stefano, un jeune peintre venu de Sicile pour une première exposition et qui n'était jamais rentré. Asphélia se souvenait précisément de leur déambulation de l'après-concert. Stefano l'avait mené à la galerie où il exposait. Une visite de l'extérieur, où il fallait écarquiller les yeux, les laisser s'habituer à la pénombre pour deviner plus que voir les oeuvres. Asphélia, au regard artistique exercé, avait observé, analysé, comparé. Mais surtout, elle avait ressenti une émotion profonde. Les motifs de cette série étaient des arbres d'olivier stylisés, aux ombres fortes et surcontrastées, et surgissant de l'horizon, des visages d'hommes et de femmes. Stefano expliquait sa série:
-Les émigrants regardent la terre aride. Ils ont dû la quitter, mais c'est la terre de l'enfance, la terre des ancêtres. L'olivier c'est la paix. Les branches qui se tordent, c'est le temps qui est passé, la mémoire en construction, la vie et ses difficultés.
J'ai aussi prévu une suite. Ce sera avec les mêmes personnages transparents, à une autre étape de leur évolution. Je les montrerai au travail dans leur nouveau pays. Il y faudra des symboles mécaniques, productifs, industriels. J'y mettrai aussi des ordinateurs, des chiffres de la finance qui dansent dans la balance du produit national brut!
Pour moi la roue dentée, c'est un symbole classique, grec, de l'émigration ouvrière.
J'y mettrai la famille formée, le relais passé, l'âge, le grand âge qui vient comme une couronne sur ceux qui ont pris leur vie en main très tôt.
Derrière, à l'arrière-plan, il y aura du bleu intense, la Méditerranée. En signature, au fond, une galère grecque à peine discernable, mais qui donne tout le sens. Un jeu de lumière entre ce bâteau et la plage pourrait pointer vers le renvoi du passé au futur, la boucle de l'historien Thucydide: la vue en cycle. Une lentille incendiaire d'Archimède?
Le feu porté chez les Romains?
Cette nuit s'était terminée à la montée de l'aube. Ils étaient au moment où la lumière se fit dans un des cafés de Christopher Street. Entre-temps, ils avaient marché sans fin dans Manhattan, accroissant l'ergodicité de leurs pas au voisinage du Village. Asphélia avait évoqué Antonello da Messina, et le regard sans fond, qu'il soit d'homme ou de femme. L'être un homme, l'être une femme selon Antonello? Question ouverte, sur laquelle ils avaient réfléchi ensemble. Leur échange fut détaillé, intense, passionné. Ils saisirent sans l'avouer le miroir qui se présentait, et furent surpris de ne pas vouloir aboutir, mais au contraire prolonger toujours cette quête commune devenue mutuelle. Assis au café, le jeu de la vie continua. La conversation les construisait plus qu'ils ne construisaient leur échange. Les horologes des joueurs d'échec de cette partie vitale étaient bloquées. Le temps aboli. Tant et si bien que le soleil se leva. Ils se regardèrent étonnés de se voir sous une lumière pure, orthogonale, révélant les microdétails de leur visage. Ces détails dont la nuit les avait contraints à faire abstraction s'élevaient maintenant comme un paysage de montagne sorti des nuages. Tout un pays à découvrir. Sous l'incidence directe et précise de la première lueur du jour. C'était comme se présenter de nouveau l'un à l'autre, une révélation, de l'étonnement, un enchantement.
Pour ne rien gâcher de cette rencontre remarquable, ils décidèrent de partir chacun de leur côté sans se retourner. Mais, ne pouvant faire autrement, dans un parjure copiant Orphée, ils se retournèrent au même instant. Ils sourirent de se voir unis dans cette transgression. Puis ils furent absorbés par des courants opposés de la foule matinale.
Tant que dura leur amour, ils respectèrent des règles définies ensemble:
-Asphélia ne poserait jamais pour Stefano
-Asphélia n'observerait jamais Stefano au travail.
Le processus créatif, mutuellement compris dans toute sa profondeur, ne devrait pas être banalisé dans leur relation, ni leurs émotions dans le chaos de la création.
Asphélia, à cette époque, se savait déjà ailée. Pourtant ce n'est qu'à Paris, sur ce banc qui faisait face au Grand Palais, qu'elle commença à s'interroger sur la vraie image que Stefano avait eu d'elle. Avait-il vu ses ailes? Avait-il au moins senti le léger mouvement d'air autour du corps d'Asphélia quand elle tournait sur elle-même pour exprimer sa joie?

La femme ailée (2)

Un jour d'hiver. Asphélia sourit de ses grands yeaux noirs sous un petit chapeau 1920. Sa silhouette est bien dessinée par un manteau beige aux motifs bruns en arabesque. Asphélia marche d'un bon pas. Chaque franchissement de trottoir est l'occasion d'apercevoir un peu plus ses jambes élégamment enveloppées dans des bas noirs transparents. Les homes la suivent du regard. Elle le sait. Ca lui plaît. Elle en sourit. Une façon instantanée de se sentir sûre de ses arguments dans ce monde de séduction.
Asphélia voyage fréquemment pour affaire. Elle a aujourd'hui deux réunions avec des clients à Paris.
Une heure plus tard, dans une salle de réunion.
Asphélia est debout près d'un projecteur. elle connecte son ordinateur et démarre sa présentation. La voix posée, elle déroule son discours, solide, professionnel. Plus personne ne la regarde pour son corps de jolie femme. Tout s'efface devant la compétence et l'intérêt des spécialistes. Une conversation d'experts s'engage sur les implants médicaux qu'Asphélia a présentés.
Asphélia doit convaincre les médecins et chirurgiens des hôpitaux et cliniques.
Elle répond avec précision aux questions. Asphélia est reconnue comme une commerciale compétente et fiable par ses clients. Elle est très concentrée pendant la session. Deux heures après, elle éteint son ordinateur et repart. La réunion suivante n'a lieu que deux heures plus tard.
Un moment d'azur pour elle seule. Elle décide de profiter du temps clair de Paris. Elle aime s'asseoir au bas des Champs Elysées dans l'une des allées bordées d'arbres près du Grand Palais.
Selon l'humeur, il lui arrive aussi de traverser l'Avenue, pour se trouver à l'endroit symétrique, près du Pavillon Gabriel.

La femme ailée (1)

Asphélia se sentait une réplique vivante de la Victoire de Samothrace. Sa tête s'était envolée, libérée de son corps, et flottait déjà au-dessus des nuages. Tête ou âme, esprit moqueur, feu follet stratosphérique? Elle ne savait plus exactement. Elle ne sentait, actuellement, que cette partie du corps qu'on appelle fuselage pour un avion.
Elle se savait bien fuselée, avec une poitrine assez saillante, en version figure de proue, mais pas trop lourde, juste comme son amie et modèle La Victoire. Ses ailes, loin d'être un accessoire détachable comme chez les anges de pacotille, donnait envergure et élégance à ses gestes.
Asphélia, assise dans l'avion, avait bouclé sa ceinture et commencé à se détendre. Elle se préparait à accompagner de tout son corps l'envole de l'avion. Faire corps avec l'avion, voler soi-même, une recette idéale pour qui a connu l'angoisse de l'envol.
L'avion venait de prendre de l'élan, puis de s'envoler au-dessus des rizières. Les bras d'Asphélia s'étaient symboliquement étendus, s'orientant comme les ailes. Asphélia s'identifiait au grand être volant, faisait corps avec lui. Sans plus de doute, elle effectuait un élégant glissement ascendant, jusqu'à franchir le plan des nuages. Quand le mouvement fut stabilisé, Asphélia rétracta doucment ses ailes, et reprit sa forme de femme réelle. Assise dans l'avion, elle se souvenait des jour écoulés. Elle se laissa aller au fil élastique de sa pensée, le long de ce caoutchouc mental à gros diamètre. Elle joua à étirer son fil, avec une accélération importante. Une corde de pensée. Presque la corde vibrante source de musique.
Asphélia se dit:
-Galaad, c'est à toi et toi seul que je pense.
Je voudrais tellement me trouver dans tes bras, entendre ta voix, te sentir en moi. En ce moment ce besoin de proximité, d'entrelacement, est encore plus fort que celui de faire l'amour et d'y prendre du plaisir. Corps à corps, connectés, un être-ensemble résonnant. Prenons le temps de cette fusion statique avant que ne vienne l'oscillation de plaisir en vague montante, flux et reflux, dedans, dehors, dedans , dehors... Déferlement.
-Viens Galaad. Prend la mesure de cet espace que je t'offre. Prend-le et surtout garde-le. Laisse tes yeux dans les miens. Oublie-les. Ils y seront bien. J'attends ce moment annoncé. Il veindra, je le sais. J'attends sans hâte. Je n'ai pas peur du temps qui devra passer. Les heures sont juste les jolies arches d'un pont temporel qui nous relie.
Asphélia était amoureuse. Comme souvent quand on aime vraiment, on a l'impression de n'avoir jamais rien senti d'aussi fort, d'aussi puissant, grand, fort. Asphélia est toute entière à sa passion: une femme amoureuse qui n'est plus rien d'autre que le jouet de sa passion. On est sur un nuage quand on aime comme cela. On ne s'intéresse plus qu'à nourrir sa passion. Les gens amoureux sont assez monolitiques. Ils perdent vite leur faculté de nous intéresser, de nous étonner. Ils ne présentent d'attrait que pour l'autre, la personne choisie, élue.
C'est pourquoi nous préférons arrêter là cette ligne temporelle, et revenir en arrière. Comment Asphélia en était-elle arrivée au point où nous la trouvons?

19 décembre 2006

Une seule nuit (textes érotiques, interdit -18ans)

Une seule nuit
1992
La nuit mêlée à la pluie couvrait la ville. Une circulation ténue se maintenait, formée d'autobus, de taxis, entre les gares, et de quelques autos. La jeune femme lisait un livre de poche, et son buste oscillait au rythme du bus. Sa poitrine, de taille moyenne, attirait le regard des hommes. Les plus désoeuvrés s'y attardaient, sans vergogne. C'est vrai que la forme équilibrée se dessinait clairement sous un corsage soyeux, s'arrondissait, se durcissait, aux molles oscillations des amortisseurs du bus. Les voyeurs -nous le sommes tous un peu- se complaisaient dans ce spectacle. Qui oserait prendre une initiative? Aller vers la jeune femme, lui adresser la parole? Elle avait accepté la conversation, et même avec assez de plaisir. On la sentait attirée par le mystère d'une rencontre en transfert, dans l'autobus. La pluie, la nuit, l'inconnu, risque à prendre, et qu'elle acceptait. Cela continuait dans un bar, où ils s'étaient isolés autour d'une petite table. Son regard vous dévorait. Elle était affamée, et vous jaugeait, comme on estime le poids d'une proie. Elle avait depuis longtemps acquis la certitude que sa soirée serait agréable et pleine d'imprévus.
Plus tard, elle s'allongeait sur le lit, le regard vers le plafond, la jupe à peine relevée. Mécaniquement les mains de l'homme lui caressaient les jambes, ermontant doucement vers le haut des cuisses. La station des mains à l'entrecuisse se prolongea. Elle frémit, lui jetant un regard fuyant, qui fuyait vers le pantalon de l'homme. Elle mit une main en aveugle là où l'homme l'attendait. Ils se tenaient mutuellement, se caressaient, si échauffés que bientôt les mains n'y suffirent plus. Leurs doigts gluants s'emparèrent des sexes, les aboutèrent. L'enclenchement se fit, comme un raccordement de wagons à la Gare du Nord. Il se répéta périodiquement. Avec un peu de dureté, de sauvagerie, il tirèrent sur les rênes du plaisir. Celui-ci vint après de longs hennissements. une hésitation les prit au moment du retrait. Ils revinrent à la charge, se retournèrent, roulèrent dans l'arène des amours transitoires. Suivirent des adieux au matin blême, en silence, sans regret. Ils étaient pleins de leur sommeil mêlé. La torpeur de l'aube disparut sans laisser de trace apparente.



Marie-France
06/05/1990

Jean avait déployé Le Monde. Apparemment, il attendait quelqu'un, à cette terrasse de café, près du Trocadéro. Le ciel était clair, pour l'instant, mais rien n'autorisait à supposer qu'il ne pleuvrait pas dans la soirée.
A cinq heures et demie, elle n'était toujours pas là. Jean se répéta la phrase type de ce genre de circonstances: elle aura été retenue par quelque importun. Oui, elle aura été retenue par un "porte-un costard troi-pièces". Son mari, pour une fois, alors qu'il est généralement absent? Il serait réapparu à l'improviste pour régler quelque affaire concernant leurs enfants, ou les finances de Marie-France. Ce mari était un gars très réglo sur le plan financier. Il avait toujours largement pourvu à la situation matérielle de Marie-France, qui quant à elle n'avait jamais travaillé, se consacrant entièrement à des tâches plus nobles, telles que l'éducation de ses enfants, les courses, la décoration de leur intérieur -son intérieur à elle maintenant- bref de quoi occuper pleinement les journées de madame, à condition que l'argent vienne comme à son habitude. Le mari de madame gagnant très bien sa vie, il n'y avait pas de raison que cela s'arrête. C'était d'ailleurs une des raisons nécessaires mais pas suffisantes pour lesquelles Marie-France et monsieur s'étaient aimés, réellement aimés, épousés, avaient eu de beaux enfants. Une autre raison était leur passion commune pour l'art décoratif occidental comme oriental. Ils connaissaient bien les antiquaires, les galeries, en Europe, Asie, Amérique. Mais tout cela ne suffisait pas, et au fil du temps, l'amour initial s'était refroidi, bientôt remplacé par un simple lien formel et officiel.
Comme il fallait quelqu'un qui puisse accompagner Marie-France dans ses recherches d'objets, un avocat, Jean, avait progressivement occupé la fonction. Cette fonction, il ne lui avait pas fallu longtemps pour l'étendre à celle d'amant officiel. Preuve de l'attachement de Marie-France à son amant, une collection de bouteilles de Champagne vides, au dessus du meuble de vaisselle dans la cuisine: un régiment de bouteilles vides. Ce butin, elle l'avait volé à la vie. Chaque bouteille était une borne marquant le souvenir d'une soirée passée avec Jean. Presque personne n'était dans le secret de cette collection.
A queqlues pas de la terrasse où il était assis, Jean vit Marie-France descendre d'un taxi, avec une élégance et un naturel admirables. Le garçon de café l'observa à la dérobée en se disant que cette jolie femme n'avait pas dû prendre le métro très souvent. Madame s'assit près de son ami, le saluant d'un sourire. Jean une fois de plus était sous le charme. Il lui fallait recommencer à briller comme l'un des diamants de madame. Un trait d'esprit, plein d'à-propos, un "comment-allez-vous très chère?" ou "que boirez-vous par cette belle nuit d'automne?". En public, ils se vouvoyaient par jeu.

08/05/1990
Assise au bord du lit, Marie-France méditait. Elle se retrouvait seule. Seule dans sa chambre, seule dans l'appartement, seule dans son lit, seule dans sa vie.
Elle réfléchit: -sa vie? L'idée ne se laissait pas cerner. Etait-ce sa vie sexuelle, comme disent les Américains? Non, c'était vraiment plus général. Il y avait cela aussi, c'était très important: sentir son clito bien mouillé, caressé, gonflé. Alors elle ne se dominait plus. Il lui fallait glisser un doigt quand elle était seule, un membre viril s'il s'en présentait un à portée de main. Elle se faisait alors porter, porter par l'instinct. Elle devenait félin vorace, mante religieuse, ou misérable souris qui peine au long du coït, visant l'extase avec un bonheur variable.
Après, le feu extrait de son corps, elle s'était souvent sentie bien, très bien, flottant sur un nuage. D'autres fois, c'était un moment de vacuité, un sentiment d'annihilation, une nausée complète (qu'ai-je fait, pourquoi? Je me suis réduite encore, quelle défaite).
Au bout du compte, des moments de plaisir ou d'après-plaisir, il ne restait jamais grand chose. Pourtant elle s'y savait condamnée à sans cesse y revenir. Ele s'y replongerait de tout son corps.
Et ce n'était pas tout. Il y avait aussi les confidences, les mots si forts échangés, l'impression de proximité, la douceur, la fusion mielleuse? Le rappel de l'enfance. La Savoie, chemins terreux ou pierreux, vaches et alpages. Adolescence, sommets. Elle avait marché avec enthousisame dans les Alpes. L'ascension la faisait progresser dans la grande quête. Elle rêvait du sage aux pieds légers qu'elle rencontrerait en sortant d'un faux-plat. Dieu n'existait plus. Avait-il jamais existé pour elle? Par compensation, l'homme sans âge, Jésus, ou Zarathoustra, visitait son sommeil.

Le téléphone sonna, la tirant de ses pensées. C'était Jean. Ah, Jean? Quel homme agréable. Il tenait à la perfection le rôle d'amant officiel. Ils passaient toujours d'agréables moments ensemble. Pourtant ce n'était qu'une grille d'instants, avec l'intermittence que cela implique, et les vides jamais remplis, cette angoisse récurrente qui hantait Marie-France. La quarantaine était passée. L'ardeur restait, mais cette rdeur avait changé de forme pour s'exprimer. Au fond de son oeil bleu, on pouvait apercevoir la terreur, une profonde et saisissante terreur de vieillir. Cette même terreur, au lie d'être paralysante, l'aidait à sourir, et ne faisait que l'embellir. De beau visage grec, elle devenait déesse intemporelle. Marie-France avait alors quelque chose d'Antinea, mystérieuse au milieu des sables.



Primitifs
Sur un Lied de Webern, déstabilisant.
Ses bras empoignèrent les jambes de la femme par dessous, comme on fait pour porter une large bûche. Fier de son petit numéro d'haltérophilie, il entama avec beaucoup de conviction la montée du télescope. Quand l'alignement fut réalisé, il commeça la poussée. Elle coulait abondamment. Ce fut elle qui se laissa descendre, vertigineusement sur la luge affolante du plaisir sans frein. Elle se sentait tellement contrainte qu'elle n'avait plus à penser, ce qui la libérait. Elle aimait que cette tempête se soit soudain mise à passer sur elle, lui triturant le clitoris, lui arrachant des petits cris et de grands envols lyriques au cours duquel ses rêves s'imprimaient en italique renforcé. Le mâle à massue la prenait de tous ses muscles, elle était une femme-guenon en rut, volant de liane en liane, lui faisant croire qu'elle le fuyait pour qu'il soit plus vite sur elle. Il la bloquait contre un arbre, elle s'échappait à nouveau.Reprise, elle se débattait rageusement, puis acceptait l'étreinte. Quand vint le jet puissant de sperme, elle tordit son corps, s'agrippa des quatre mains pour ne pas être balayée par un vent à briser la forêt dense. Les chacals hurlaient dans son Hollywood de série B. Elle aussi, se bloqua en extase. Elle se rompit en mille morceaux et dut se ramasser par terre, à droite, à gauche, quand bien plus tard elle voulut se reconstituer. Le salaud déjà rebouclait sa ceinture. La salope refermait son soutien-gorge brillant. L'attrait surexcitant de la banalité était bien le seul intérêt du lieu et de la scène. L'avaient-il répétée?


Train de nuit
Allemagne
Les trains allemands permettent en tirant les banquettes de constituer l'équivalent d'un grand matelas qui remplirait le compartiment. Je me préparais cette nuit-là à dormir confortablement. J'avais compactifié le compartiment, en déployant les banquettes, c'était maintenant mon dortoir de campagne. Mon sac de permissionnaire était dans le panier à bagage, mes chaussures aussi. Par égard pour moi-même autant que pour le contrôleur, j'avais même été jusqu'à changer de chaussettes. Autant cous dire que le compartiment ne resemblait en rien à ceux qu'on voit si fréquemment dans les trains empruntés par des militaires: lorsqu'on ouvre la porte, des gaillards affalés ronflent à pleine bouche, et exhalent des odeurs de combustion alcoolique de Kro ou de 33.
Un quart d'heure après que j'aie éteint l'éclairage principal, je me forçais à fermer les yeux en me persuadant de dormir. la veilleuse jouait son rôle habituel de croque-mort, répondant aux néons blafards des gares sinistres que l'ontraverse entre l'Allemagne et Paris. Voir la veilleuse, c'est signe qu'on est vivant et éveillé. La porte glissa, avec un décrochage un peu brutal au début, et un mouvement plus silencieux. Une femme entra, et referma la porte coulissante. Etant déjà allongé, je faisais semblant de dormir, observant d'un oeil la nouvelle arrivée. J'avais occupé le tarrain comme c'est de bonne guerre dans les trains. On n'aime pas devoir relever les sièges et retrouver une position assise, simplement parce que des passagers montent à une halte blême à deux heures du matin!
Il n'était pas deux heures du matin, et je n'avais pas poussé le vice à m'étaler en diagonale. Il restait donc pas mal de place pour la femme dans ce wagon vieillot et presque accueillant. Elle avait retiré ses chaussures à l'entrée du compartiment. Montée avec légèreté sur le continuum compact des banquettes, elle avait déposé son sac et ses chaussures dans le panier à bagages, exactement face à celui que mes bagages occupaient. Je jetai un clin d'oeil clandestin au panier qu'il y avait au-dessus de ma tête: j'y voyais mes godasses qui s’aéraient là-haut. La femme s'allongea, tête-bêche par rapport à moi, ses pieds près de ma tête. Elle avait gardé son manteau. moi, j'avais retiré le mien. il était près de ma tête, sur le côté. J'ai toujours eu le réflexe d'avoir mon portefeuille à moins de 30 cm de mes oreilles, pour détecter tout mouvement suspect le concernant.
Je vis que la femme se tournait doucement, à droite et à gauche, en se frottant les pieds l'un contre l'autre. je lui proposai mon manteau, à voix basse, pour ne pas rompre brusquement le silence du wagon, ni interférer avec les vibrations basse fréquence occasionnées par le franchissement périodique des traverses de la voie ferrée. Elle fut pourtant surprise. ses yeux lumineux me regardèrent. Elle accepta, d'un sourire. J'ajustai mon manteau sur ses pieds. plus tard je la sentis remuer légèrement, de contentement cette fois. Son corps dégageait une agréable chaleur. Quelle sensation étrange, un bien-être qui va de soi, un confort du partage entre deux personnes inconnues l'une à lautre. Complicité dans l'altérité. Elle se rendit compte que je l'observais, méditatif. Ce n'était plus un sourire poli sur ses lèvres, mais un long appel interrogatif. Comme au fond des bois le souffle du vent, calme, persistant. Les branches ne peuvent l'ignorer, et se plient en mesure. Ses lèvres brillaient un peu, d'un maquillage ancien, qui n'avait pas été restauré depuis le début du voyage. Je sentis le corps de ma voisine se tourner vers le mien. Je caressai doucement ses pieds. Le contrôleur alluma l'éclairage principal, après avoir ouvert d'une impulsion la porte du compartiment. Les billets contrôlés, il éteignit, referma.
Ma voisine s'allongea à mon côté, en tête à tête. Nous jouions le tempo du train, traverse après traverse, jusqu'au voies de garage du plus profond abandon de soi à l'autre.
Au petit matin, rafraîchis par une toilette de fortune, nous nous sommes quittés, ou plus simplement, chacun est parti de son côté, un peu honteux, un peu triste, heureux quand même du voyage accompli.


Voisines
Elle fermait les yeux, rejetant sa tête en arrière, prête à avaler de troubles nuages ou à laisser monter en elle le bond vertigineux. Ele excellait à ce jeu de provocation sensuelle. A deux pas d'ici elle monterait accompagnée, ou plutôt elle se ferait monter après s'être faite accompagner. La question était de savoir si cela s'accomplirait en douceur ou avec vigueur, à grande humidité, ou bien presque à sec -ce qui, bien géré, avait aussi son charme-. L'homme se couvrirait de latex, comme un chevalier abaissant son heaume, et la bataille commencerait furieusement. La furia francese avec une bonne grosse lance, qu'il faudrait capturer, serrer, laisser partir, revenir, avant qu'enfin le compte y soit, la grande secousse, le petit frisson, un coup de grâce qu'on donne par humanité aux blessés du champ de bataille, qui la faisait invariablement hurler si fort qu'on l'entendait dans la cage d'escalier.
Dans l'appartement du dessous vivait une autre jeune femme qui ne lui ressemblait pas. La fille du dessous portait des dessous fins, alors que la femme aspireuse de boas s'allégeait souvent sous une jupe de cuir, pour mieux laisser diffuser l'odeur de son sexe, qui faisait l'ambassade de ses humeurs belliqueuses auprès des hommes qui l'intéressaient. La fille des dessous avait souvent un corsage blanc, sous lequel on devinait sans peine les légers soutiens que les femmes donnent à leur buste, pour le redresser, le lancer au ven comme un spinaker, l'arborer à la proue, inspirer l'envie de toucher, palper, dévoiler, de déballer sous la lumière au néon ces jouets de rêve. On aurait voulu la baiser debout, toute habillée, après avoir passé juste une main secourable, partie en exploration entre les jambes, sous le slip, dans le sexe, pour triturer calmement le clitoris, le faire sortir de ses gonds en la faisant bien huiler. Scénario simple mais d'autant plus plaisant.
Quiconque ayant aperçu et la fille du haut et celle du bas n'aurait plus eu qu'un fantasme: connaître la moiteur de la femme du haut, avec une jupe en cuir et rien dessous, et faire durer le voyage avec la femme du dessous à dentelle.




La boulangère
Vous pouvez m'appeler Suzanne. je suis boulangère, bonne pâte bien sûr. Les gens racontent des histoires sur les boulangères. La femme, l'épouse, la marchande de pain.Celle qui enfourne tout, et profondément. C'est dégoûtant.
Le métier est dûr vous savez. On travaille beaucoup. Le boulanger va dormir quand la boulangère ouvre. derrière le comptoir on se fait vite une idée du monde, et c'est pas bien joli, le monde. Les gens passent tous à la boulangerie, certains plusieurs fois par jour, certains on s'en passerait. Il y a aussi nos employés, souvent faux-jetons: l'apprenti, et la vendeuse. La vendeuse souvent tourne mal. On les sent venir, maquikllées, les nymphettes. T'as pas plutôt le dos tourné que ça se fait engrosser. et puis, elles partent, faire leur enfant ailleurs. Au mieux c'est pour se marier qu'elles s'en vont, sinon, elles recommenceront ailleurs. La dernière qu'on a renvoyé, pour la réputation de la maison, je l'ai vue à son affaire. C'était pendant midi, à l'heure de la pause. J'étais dans la pièce à côté. J'entends des rires, des gloussements de la petite. Par la porte entrouverte, je regarde discrètement. Je la vois qui retire sa culotte, une culotte blanche à dentelles, et se passe la main sur sa motte brune. Lui, je ne le vois pas. Tout juste une grosse queue qui dépasse, et s'approche de la vendeuse. La bite de l'apprenti s'avance encore vers la gamine qui ne rit plus. Elle sourit un peu inquiète. Il avance encore et se place. Elle lui met les bras autour du cou. Il lui palpe les seins sous la blouse. Elle écarte les jambes et se hisse sur sa bite. Elle se laisse descendre en savourant longuement sa glissade. On entend des glouglous vaginaux, ca mouille. Moi aussi ca me fait quelque chose de doux et chaud. Il la tringle debout, la transporte avec une pénétration bien profonde, au bout de sa baguette, et la dépose sur la table. Il prend alors un rythme régulier et sans appel, pour la finir. Je n'arrête pas de ruisseler de sueur et de foutre. Moi aussi je voudrais bien me l'enfoncer ce petit gars. Je frappe à la porte. Instantanément ils reprennent une attitude de travail, en faisant semblant de ranger. Moi je sais tout. J'envoie la fille au four. Dès qu'elle est sortie, je passe près du gars, en laissant traîner ma main à hauteur de son entrejambe. Je le pale précipitamment, faisant semblant de rien. Il bande bien fort. Ca ne lui déplaît pas d'être touché, le petit salaud. Je lui prend la main, que j'introduis sous ma jupe et puis dans mon corsage, sous la blouse. Il est vite convaincu. Alors, il veut m'empoigner comme il fait pour la gamine. pas question, c'est moi qui commande. Suis-moi. Je l'emmène dans sa chambre sous le toît. En passant je prends un préservatif dans la salle de bain. Mon coco, je te la lèche. il est encore gluant de sperme, j'en profite. Puis, fermement, d'un geste sûr, je lui place la capote. Il est surpris, mais pas déçu du tout.On y va de bon coeur. des grandes secousses musclées, puis de la sueur et des râles couverts. le grand frisson m'électrocute.
On le renverra, mais après la fille, comme ça je l’aurai un peu pour moi.

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10 décembre 2006

Adios Las Vegas (8)

Dire que Circé n'a pas changé serait faux. Elle a parfois des instants d'absence.Son chariot de provisions plein, dans la queue des caisses, son regard se fixe sur une couverture de magazine. On y voit un militaire souriant sous son casque. Il fait beau là-bas. On doit avoir chaud avec l'équipement de combat complet.Circé se représente Mike. Ses traits se sont ancrés dans la photo, en substitution de GI-sourire. Mike ne sourit pas. Elle en est certaine. Au plus a-t-il peut-être les traits détendus. Mike est une personne organisée, il est concentré sur ce qu'il a à faire. Elle le voit démonter son fusil automatique, le nettoyer, le lubrifier, et le remonter. Ces tâches sont le lot de l'armée du temps de paix, celle qui ne se bat pas. Cette armée de défense qui n'en finit pas de se préparer à un combat rejeté hors du probable. Une guerre qu'on attend sans jamais l'espérer.La guerre, le combat, jusqu'à ce qu'ils arrivent, c'est un plan d'Etat Major, une abstraction de livre d'histoire, un film de guerre, un reportage sur des feux mal éteints, en zone sismique et volcanique où la croûte terrestre est irrégulière.Au bord du désert des Tartares, le long de la frontière, patrouillent linéairement des soldats en véhicules blindés légers. Un chef de peloton exhibe ses jumelles électroniques, déplace son regard le long de la ligne de crête. Parfois il presse le bouton envoi, et déclenche la transmission de son champ de vue vers un écran du centre de supervision "QG frontière". Là-bas un mur d'écran permet aux officiers d'Etat Major de surveiller la situation aux frontières du "sanctuaire national".Circé, qui s'est laissée aller vers cette représentation, doute de l'exactitude de la description. Les Etats Unis n'ont pas de frontière dangereuse: au Nord le Canada, au Sud le Mexique. Certes face à Miami se trouve Cuba.Du côté canadien, il y a eu la contrebande de whisky au temps de la Prohibition. Sans doute des règlements de compte mafieux, mais quoi de plus? Le Canada, c'est un peu une annexe amicale. Au moment du 11 septembre, le gel du ciel des Etats Unis a été allégé par l'aide des aéroports canadiens, devenus parking d'avions américains, avec une prise en charge des passagers au Canada.Du côté du Mexique, un mur de béton s'est déployé, avec barbelés et miradors, pour "les" empêcher de "nous" envahir. Les patrouilles de la frontière ne sont pas de l'armée mais du service de l'immigration. Une cinquantaine d'équipes de l'immigration. Ces hommes en lunettes noires et casquette vous raccompagnent à la frontière de façon musclée. Vous avez travaillé 20 ans ici? Vos enfants sont citoyens des Etats Unis? Vous trouvez toujours du travail et on vous apprécie? Adios amigo! Que lo pases muy bien en tu pais.On vous met dans un fourgon policier, un de ces mastodontes "Hummer", véhicule sinistre, et c'est le "retour". Vous avez perdu au Monopoly du pauvre, ne passez pas par la case départ, adios! Case prison. Fini, le monde s'écroule, à Tijuana ou ailleurs.Circé recadre son film. C'est maintenant l'époque de la frontière entre le bien et le mal, entre nous et "eux". La ligne doit être tracée en rouge, et pousser ces gens hors du territoire américain. Au bord du sanctuaire-pays, un pare-feu est creusé. L'Europe est dans ce fossé. Le Japon aussi, et Taïwan, et la Corée du sud.Les patrouilles des frontières?Il y a des porte-avions, un peu vieux de coque, mais équipés de tout ce qu'il faut et que les autres n'ont pas.La bulle autour du porte-avions a plusieurs membranes. Tout d'abord la sphère d'action des hélicoptères lance-roquettes, puis celle de la surveillance radio, connexion aux satellites, radar de détection, enfin la sphère d'intervention des avions, largement continentale, et du dond des eaux, les missiles intercontinentaux des sous-marins, perpétuellement en mission.Un système de communication à très basse fréquence crée le lien ultime et incassable entre le fond des mers et l'espace orbital. Est-ce une guerre des étoiles? Oui, pour l'idéologie du film, qui décrit une "Fédération".Circé revient à la réalité. Elle se reconnecte à l'immédiateté des choses. Son regard avait flotté. Il se pose après une traversée du rayon des disques Bluray. Star Wars/Guerra de las galaxias.Circé passe à la caisse. Son tour vient de s'exprimer en tant que consommatrice. Elle étale ses achats sur le tapis de caisse. Les produits sont scannés. Chaque produit active un lien avec le fichier de référence qui le caractérise. Il suffit pour cela d'un coup de laser. Les photons réfléchis entrent dans le capteur. La représentation informatique de l'objet est invoquée. Son instanciation est transférée du domaine du stock interne au registre des produits vendus. Sortie du produit, poussé dans le domaine du marché consommateur. Les choses, l'idée qu'on en a. Une idée, beaucoup d'instanciation. On retrouve mûrie au fil des siècles les bases de la pensée nominaliste médiévale. Nommer, étiqueter, c'est étendre de façon absolue son pouvoir sur les choses, à l'ère informatique de machine à machine. Bouger des paquets étiquetés.Circé visualise l'uniforme, l'armement du GI-sourire. Elle extrapole, et pense à beaucoup de petits soldats reproduisant à l'identique, conformément aux instructions, aux règles de comportement, l'idée de ce que doit être un soldat. Le soldat-modèle est un descripteur informationnel, rendu informatique lorsqu'on le programme.Mike en résulte. Il est objet, paquet étiqueté, suivi dans ses mouvements, détecté, guidé.Mike est un personnage instancié dans un jeu vidéo. Au même instant, des milliers de joueurs activent les manettes de leur console. Tous manipulent Mike.Circé se force à inverser le point de vue. C'est maintenant le vrai Mike qui injecte sa personnalité, comme on donne son sang. Il se clone des milliers de fois dans les instanciations simultanée de son personnage.Oui, se dit Circé, pas si nouveau que ça. Prenons les montres à aiguilles. Sur la planète, simultanément, des milliards de petites aiguilles et des milliards de grandes aiguilles décrivent les mêmes cercles, au même moment, avec à peu près la même vitesse angulaire. Voici bien une allégorie d'humanité en symbiose, mue par le sentiment océanique que décrivait Freud, celui d'être, ensemble, partie prenante.Qu'ensuite viennent des religions ou pas, c'est une autre histoire.Que religions et idéologies soient des bannières à la cause ou à l'habillage de conflit, quelle tristesse!Circé se laisse aller à cette mélancolie "océanique" du "tout va mal, et pour tout le monde". Elle, si optimiste, se prend à penser une perte universelle de sens.FIN

Adios Las Vegas (7)

Circé est rentrée en Pennsylvanie. Elle suit l'actualité internationale avec un intérêt nouveau. Elle a acheté des cartes géographiques du "théâtre d'opérations extérieures". Elle a lu des livres décrivant ce pays lointain, son histoire, sa culture. Donner un nom à son mal, c'est déjà commencer à le dompter. La dignité de l'homme: réduire sa propre souffrance en la formulant, reprendre les commandes, grâce au langage. Aussi, connaître un risque, c'est un peu le prévenir, en diminuer la prbabilité et l'amplitude. Plusieurs fois par semaine, Circé reçoit des e-mails de quelques lignes qui ne disent pas grand chose, sauf pour une des phrases, que Mike réussit à rendre signifiante uniquement pour eux-deux, et qui résiste à toute interprétation par la censure militaire. Circé garde tout de cette précieuse correspondance. La vie y coule comme une élégante cascade de notes de piano composée par Rachmaminov. Circé a aussi abouté les phrases personnelles, débarrassées de leur emballage, en un chapelet unique. Le résultat, esotérique, est vraiment poétique. Une nouvelle langue à deux locuteurs est née. Elle grandit, s'affermit, se donne des codes, une grammaire, une sémantique. Heureusement que dans leurs contextes hypercontraints ils disposent de cet espace commun de liberté, un pont-aérien-de-Berlin sur lequel ils peuvent marcher en altitude, pavé de mots solides et forts, de mots porteurs. Le lien vit, le lien prospère. Circé avait pendant quelques semaines redouté de se déssécher à attendre Mike. Régresser, vieillir prématurément, se sentir en nausée, comme dans une file d'attente administrative absurde et obligatoire. Heureusement, il n'en est rien. La plante est arrosée et illuminée d'une belle lumière naturelle. Elle grandit. Non elle ne se déssèche pas.

Adios Las Vegas (6)

Le temps est passé, celui du manque, de la déconnexion, celui qui fait mal. Mike est attaché à son siège d'avion. Il vole vers ce lieu d'opération, comme prévu depuis plusieurs semaines. La différence c'est qu'il se trouve maintenant dans la phase de réalisation, sans promesse d'après, juste la force pesante de l'être-là. Le plan et son exécution ont une saveur différente. Le plan est froid, rationnel, neutre, sans émotion. Par contre la mise en oeuvre, la mise-en-réalité, c'est une putain de sensation de faire une grosse connerie, de foutre sa vie en l'air, pire de foutre en l'air la vie de l'Autre tant aimée. Mike se dit:
-Je fais mon devoir, mais ma vie n'est pas là, n'est plus là. Il faut que j'en sorte. Je ne peux plus faire ça. Je ne peux pas faire ça à Circé, c'est à elle que je fais le plus de mal, en risquant ma vie dans cette guerre obscure.
Il tourne et retourne ses arguments, heurte sa tête au mur des contraintes inamovibles de son devoir, et de sa vie d'être humain. Pourtant, les émotions des derniers jours et les profonds changement qui l'on transformé, apportent un sommeil lourd à Mike. Au réveil, il est de nouveau dans le ton, à l'unisson de ses compagnons. Leur coeur est temporairement vide, leur esprit intégralement disponible, concentré sur leur mission et rien que sur elle. Ça aide. C'est la seule façon de ne pas péter les plombs. On arrête les conneries sentimentales, plus de temps pour le doute. Le sous-officier d'instruction avait une expression fleurie: la sodomisation gratuite de mouche en plein vol. Mike s'amuse à remarquer qu'il n'y a pas de mouche dans l'avion, pas de risque donc.

Adios Las Vegas (5)

Les voici partis dans un décor hollywoodien, reproduisant en l'interprétant la cour de Koubilaï Khan, à l'époque de la visite de Marco Polo. Les serveuses du casino ont toutes un pourpoint vénitien médiéval, avec des bas résille et un décolleté profond. Une allégorie de décolleté-fente de tirelire, par où entre l'argent, ou encore le gâteau dont on a retiré la cerise. Un ascenseur skinné tartare les emmène au vingt-septième ciel. La terrasse est un jardin oriental, planté d'érables japonais, au bord d'une piste d'hélicoptère.
-Circé, tu as déjà pris l'hélicoptère?
-Non
-Attends.
Mike s'adresse à une femme maître d'hôtel. Dix minutes plus tard, un hélicoptère se pose. Ils se baissent pour éviter les pales, et montent sans attendre. Circé donne sa main à Mike. C'est la première fois qu'ils sentent le besoin d'un rapprochement physique. Jusque là, les mots les ont seuls portés. Face à la légère menace physique, leurs corps sont côte à côte, heureux d'y être incités. L'hélicoptère est trop bruyant pour qu'on s'y parle. Alors Circé se blottit contre Mike, ce qui le réjouit. En retour ses bras s'arrondissent. Mike se dit que cet hélicoptère léger n'a rien à voir avec ceux qui déposent les troupes sur leur objectif: on saute et on court, parce que si on vous dépose à cet endroit, c'est parce que ça chauffe, rafales et explosions. Le vol est suspendu entre deux temps, Circé et Mike planent, sans souci ni notion d'un changement quelconque. Cette douce stabilité leur semble durer le temps d'une vie heureuse. Juste avant cette Vita Nova vient de s'imprimer, un relief, une courbure définitive, qui reviendra toujours à son état stable et fort, par mémoire de forme. Ont-ils pris un pli? Plutôt, ils sont le pli, la vallée-cocon qui les abrite. Rien ni personne ne leur retirera ça. L'hélicoptère les a déposés au sommet d'une meseta, avec des sièges et une tables pliant, un panier-brunch de luxe. Hors de vue de Las Vegas, les voici seuls, ou plutôt ils sont enfin deux. La conversation reprend avec un élégance appelée par le raffinement de la collation. Mike et Circé évoquent la religion qu'on leur a enseignée, où le désert est vérité et lumière hébraïque. Mike visualise le trait divin biblique sous forme d'un laser de puissance qui déplace les montagnes. Circé sourit à cette image titanesque. Pour elle, le premier plan est un autel rituel, planté sous le soleil. Mike se tait, sérieux. Ils savent la force du lien qui s'est formé. L'air pur du désert nourrit leurs poumons, leur donnant un souffle vital sans limite, et une clarté de vision unique et commune. Le champagne gazouille dans les flûtes. L'or de l'horizon, et l'or porté en calice. Le voyage les a mis hors-lieu, au coeur du désert mythique. Aussi leur retour au Marco Polo ressemble-t-il à celui du héros vénitien au port de Venise, après son long voyage d'Orient.
-Alors, Circé, cet anniversaire?
-Justement Mike, emmène-moi, allume une bougie.
Tous deux éclatent de rire et s'enferment vite dans la chambre de Mike.

08 décembre 2006

Adios Las Vegas (4)

Mike a grandi avec les romans du Grand Nord. L'aventure pour elle-même, verte, vivifiante. La peur face aux éléments déchaînés, le courage face aux situations imprévues et risquées.
-Mike, comment es-tu devenu soldat?
-Pour connaître mes limites, aller au bout de moi-même, physiquement comme intellectuellement. J'ai pu étudier. Comme tu vois je ne suis ni un costaud ni un grand cerveau, juste un type dans la norme. L'armée me convient bien.
-Pourquoi tu dis ça? La norme c'est l'armée?
-Oui, au fond c'est ça. Un périmètre défini dans lequel on peut évoluer en s'améliorant.
Circé, quoi qu'il arrive à partir de maintenant, je n'oublierai rien. Tout restera en moi.
-Mike, pour moi c'est pareil. Bon. J'ai faim. le soleil va se lever. emmène-moi dans un endroit sympa. Enfin, emmène-moi n'importe où. ce sera bien de toutes façons.
-Circé, regarde. il y a bien une terrasse là-haut?
-Oui
-C'est le Marco Polo. On y va?

05 décembre 2006

Adios Las Vegas (3)

Circé tend l'oreille. Elle n'est pas sûre, mais il lui semble avoir entendu un bruit léger. On frappe doucement à sa porte. Circé pense que c'est une des copines, qui vont et viennent de la chambre de l'une à celle de l'autre, sans formalité. Voir Mike la fait sursauter puis sourire. -Circé? Je ne te réveille pas? -Non, je n'arrivais pas à dormir. -Moi non plus. On va faire un tour? Dès qu'ils sont dans l'ascenseur, ils se sentent tout de suite mieux. Ils sont en confiance, plus libres que dans le groupe sympathique mais enveloppant qui les bridait dans l'échange. Circé n'est plus timide. Mike non plus. L'entente s'établit par la parole, une parole suffisante et complète, une parole efficace et nourrissante. Il faut s'expliquer au fond et à fond. Circé et Mike sont pleinement heureux de se faire face. Ils se comprennent. Ils n'en finissent pas d'approfondir. Assis sur un banc près d'une fontaine, ils se sentent en résonnance avec la galaxie. Harmonie, équilibre, tout est là: ne rien changer, laisser le temps passer autour. Ils entretiennent avec soin ce qu'ils ont, comme on souffle sur des braises qui rougissent et rougissent encore. Voici l'enfance de Circé qui affleure à la surface du conscient. Les images se dessinent, en partage autant qu'il est possible de partager ce qu'on ne saisit que par bouts de sens, avec une logique en élaboration. Un cache-cache en forêt dans la lumière blonde des arbres en automne. Le jeu des feuilles rouges et or, accrochées aux branches souples, sur un fond bleu rehaussé. Il y a, pour Mike, ce parc au bord de mer, en balcon, d'où on voit les voiliers glisser sur un support plan ondulant. Retour à Circé. Une fenêtre ouverte sur le passé premier, des sensations originelles. La perte d'un ours en peluche. Sa silhouette absente noyée, en creux, de larmes. Un principe d'Archimède de compensation du volume sensoriel manquant de douceur et caresse par un volume équivalent de larmes. Le voici retrouvé, odeur et toucher, enfin. Mike de nouveau, les vêtements déchirés, à la sortie de l'école. La honte de n'être plus conforme, mais dégradé, relégué, et de voir sa mère déçue. Aussi, la rage d'avoir été battu, de n'avoir pas eu le temps, la force, la technique, pour se défendre, reprendre le dessus, écraser l'adversaire. Circé. Fascinée par son professeur de musique. Voix, présence, l'homme, le premier dont elle sent la présence, le premier qu'elle voit dans son mystère. Mike. Un souvenir de la patronne d'un Diner's, un restaurant de hamburgers à l'ancienne. Elle s'appelait Julie, et avait des formes ondulantes.Courbes et courbures, le corps de Julie fascinait Mike. Seins voluptueux, fesses bombées, Julie définit encore le pictogramme de référence à la rubrique "femme" de Mike. -Julie savait-elle ce qu'il y avait derrière le regard de Mike? Demande Circé. -Tiens, bonne question, je n'y avais pas fait attention. J'avais d'emblée écarté tout espoir. Je pense qu'elle sentait mon regard, et que ça lui plaisait. Elle était toujours gentille et souriante. Je n'interprétais pas. Je ne sentais pas ces choses. J'en étais juste au regard brut, pas encore capable de savoir l'effet du regard porté. Circé. Il y avait eu un livre, qui tout de suite était devenu symbole d'enfance, de cette enfance idéale qu'on se construit et dure toujours, année après année. L'imagier retouché. Ce livre c'était "Au loin une voile" de Valentin Karateiev. On y vivait la Crimée heureuse des familles aisées avant la Révolution russe. Une enfance en col marin, jamais vécue, totalement fictive, plus intéressante que la vraie. Depuis, elle avait déposé sur ce substrat des liens nouveaux, des situations représentant le bien-être scénarisé: la réunion familiale selon Nikita Mikhalkov. La Belle Epoque confortablement bourgeoise. Mike: -C'est très beau, ce que tu me dis. Ils se taisent et laissent le désert réapparaître. C'est ce moment précieux avant que le soleil ne monte, quand il fait un instant plus froid, sous un ciel encore blanc. Mike reprend doucement, sans s'en rendre compte, et sans aucune rupture. Le mythe du coureur des bois, les romans de James Oliver Curwood, dans un Grand Nord dangereux du blizzard et des ours. C'était avant de lire Fenimore Cooper et Jack London. Des aventures au grand air, dans un cadre vert et tonifiant.

02 décembre 2006

Adios Las Vegas (2)

Mike franchit le portillon revolver de son hôtel. Il se dirige vers l'ascenseur. Il entre, appuie sur le bouton de son étage, 17. Il est seul dans l'ascenseur. La porte va se refermer. Quel calme! Monter à sa chambre. Prendre une douche. Soudain la porte de l'ascenseur se rouvre et quatre filles bruyantes entrent. L'une d'elles, un peu ronde, glousse. Mike sent qu'il est observé, et que les commentaires le concernent. Ses yeux se lèvent par curiosité. Il parcourt du regard le visage des filles. Se voyant regardées, elles rougissent. La plus ronde se décide à lui parler. C'est elle le boute-en-train, le porte-parole. Elle désigne une fille timide et dit: -C'est l'anniversaire de Circé. Elle est timide avec les beaux garçons. Des rires étouffés se propagent en fond sonore. Mike sourit, amusé: -Ah oui? Je m'appelle Mike. Bon anniversaire Circé. Circé le fixe un moment, incapable de répondre. Une amie la pousse du coude. Alors finalement, d'une voix claire de soprano, elle se lance: -Merci Mike. Mike a joué le jeu avec une apparente décontraction, mais maintenant le voilà gêné à son tour d'avoir causé l'inconfort de Circé. La meneuse a une lueur dans le regard: -Mike, vous avez des copains? -Tout plein mais pas ici. Pourquoi? -Alors c'est pas marrant. Vous êtes tout seul ici. Ils vous ont lâché? -Oui, c'est un peu ça. Je ne leur en veux pas. Ils n'avaent pas le choix. Quelque chose d'urgent à faire, alors ils ne sont pas venus, et moi, je suis là. -Mike, vous voulez nous retrouver en bas dans une heure? Mike hésite. Pas longtemps. Juste un peu. -Bonne idée. Merci. D'accord, dans une heure! Il fait un signe de la main en descendant de l'ascenseur. Quelques minutes plus tard, dans 5 chambres, 5 douches déversent de l'eau chaude sur 5 corps nus. Quatre femmes, un homme. Qu'est-ce que ça peut donner, tout ça? Nat, la plus hardie du clan, se dit: -Ce Mike, il me plaît bien. Mais bon, ce soir, c'est l'anniversaire de Circé. Le cadeau, joliment emballé, avec des rubans, c'est Mike. Circé, si ça marche, tu as vraiment de la veine. Il est bien foutu ce gars. Sous une douche parallèle, Circé tourne et retourne ses idées: -Dans quel piège je me retrouve. Ce type, Mike me semble bien ironique. Il y a de quoi: Nat est un peu sans-gêne, et les autres n'arrêtent pas de pouffer et glousser. Il ne doit pas avoir une bonne opinion de nous. Des filles entre elles. Un groupe un peu ringard. Moi aussi, je les trouve sympas, mais il y a des jours où je ferais sans. -Ce Mike, au fond je ne l'intéresse pas. Il est poli, c'est tout. Elle se savonne, se rince et soupire: -Merci Nat. Je vais juste être ridicule. Une fois de plus. Mike, sous la douche. Il vivait en temps limité le peu de temps qui lui reste à Vegas. Il ne réfléchissait pas trop. Il s'adaptait aux choses telles qu'elles venaient. Bon, cette Nat un peu espiègle lui avait mis sa copine Circé dans les pattes. Ladite Circé semblait bonne fille, sympa, mais vraiment coincée. Pas le genre de Mike. D'un autre côté, mieux valait passer la soirée avec un groupe de filles qui rigolaient, plutôt que de se morfondre seul dans un coin du flamboyant Vegas. Vegas c'est fait pour ça, la fête, le jeu. C'est ce que vous vendent les agences de voyage: on y trouve toujours une façon de s'amuser. On pourrait se demander si Circé s'est longtemps torturé l'esprit en prenant sa douche puis en choisissant ses vêtements. Oui, mais là, on n'a plus le temps. On peut à la rigueur l'imaginer intimidée, nerveuse, lorsqu'elle descend en ascenseur jusqu'au niveau du hall. Mike est là, en conversation avec les copines. Elles sont toutes là sauf Nat. Circé est contente de se fondre dans la masse. Ni la première, ni la dernière, ça lui va tout à fait. Mike lui sourit. Elle fait un signe. Finalement, Mike constate qu'il s'amuse avec les filles. Elles sont un peu bruyantes, mais elles savent raconter des blagues, entretenir une bonne ambiance. Il n'est pas en reste. Après une déambulation touristique sur le Strip, ils optent pour un repas médiéval dans l'hôtel Excalibur. Tout le monde connaît la légende du roi Arthur. Ca permet d'alimenter les discussions. Le temps passe agréablement. Mike parle à ses voisines. Circé ne se joint pas à cette conversation. Elle se le reprochera assez, une fois la soirée finie. Remontée dans sa chambre, elle est plus seule que jamais. Mike aussi s'est laissé entraîner par l'enthousiasme volubile du groupe, le temps de la soirée. Maintenant dans sa chambre, il se retrouve face à ses ombres. Un avenir incertain, menaçant même, l'attend, tout proche. Les Grecs disaient que l'avenir repose sur les genoux des dieux. Mais, bien plus tard, ce même soir, qu'est-ce qui a poussé Mike à se lever, quitter sa chambre, aller frapper doucement à cele de Circé ? Mike franchit le portillon revolver de son hôtel. Il se dirige vers l'ascenseur. Il entre, appuie sur le bouton de son étage, 17. Il est seul dans l'ascenseur. La porte va se refermer. Quel calme! Monter à sa chambre. Prendre une douche. Soudain la porte de l'ascenseur se rouvre et quatre filles bruyantes entrent. L'une d'elles, un peu ronde, glousse. Mike sent qu'il est observé, et que les commentaires le concernent. Ses yeux se lèvent par curiosité. Il parcourt du regard le visage des filles. Se voyant regardées, elles rougissent. La plus ronde se décide à lui parler. C'est elle le boute-en-train, le porte-parole. Elle désigne une fille timide et dit: -C'est l'anniversaire de Circé. Elle est timide avec les beaux garçons. Des rires étouffés se propagent en fond sonore. Mike sourit, amusé: -Ah oui? Je m'appelle Mike. Bon anniversaire Circé. Circé le fixe un moment, incapable de répondre. Une amie la pousse du coude. Alors finalement, d'une voix claire de soprano, elle se lance: -Merci Mike. Mike a joué le jeu avec une apparente décontraction, mais maintenant le voilà gêné à son tour d'avoir causé l'inconfort de Circé. La meneuse a une lueur dans le regard: -Mike, vous avez des copains? -Tout plein mais pas ici. Pourquoi? -Alors c'est pas marrant. Vous êtes tout seul ici. Ils vous ont lâché? -Oui, c'est un peu ça. Je ne leur en veux pas. Ils n'avaent pas le choix. Quelque chose d'urgent à faire, alors ils ne sont pas venus, et moi, je suis là. -Mike, vous voulez nous retrouver en bas dans une heure? Mike hésite. Pas longtemps. Juste un peu. -Bonne idée. Merci. D'accord, dans une heure! Il fait un signe de la main en descendant de l'ascenseur. Quelques minutes plus tard, dans 5 chambres, 5 douches déversent de l'eau chaude sur 5 corps nus. Quatre femmes, un homme. Qu'est-ce que ça peut donner, tout ça? Nat, la plus hardie du clan, se dit: -Ce Mike, il me plaît bien. Mais bon, ce soir, c'est l'anniversaire de Circé. Le cadeau, joliment emballé, avec des rubans, c'est Mike. Circé, si ça marche, tu as vraiment de la veine. Il est bien foutu ce gars. Sous une douche parallèle, Circé tourne et retourne ses idées: -Dans quel piège je me retrouve. Ce type, Mike me semble bien ironique. Il y a de quoi: Nat est un peu sans-gêne, et les autres n'arrêtent pas de pouffer et glousser. Il ne doit pas avoir une bonne opinion de nous. Des filles entre elles. Un groupe un peu ringard. Moi aussi, je les trouve sympas, mais il y a des jours où je ferais sans. -Ce Mike, au fond je ne l'intéresse pas. Il est poli, c'est tout. Elle se savonne, se rince et soupire: -Merci Nat. Je vais juste être ridicule. Une fois de plus. Mike, sous la douche. Il vivait en temps limité le peu de temps qui lui reste à Vegas. Il ne réfléchissait pas trop. Il s'adaptait aux choses telles qu'elles venaient. Bon, cette Nat un peu espiègle lui avait mis sa copine Circé dans les pattes. Ladite Circé semblait bonne fille, sympa, mais vraiment coincée. Pas le genre de Mike. D'un autre côté, mieux valait passer la soirée avec un groupe de filles qui rigolaient, plutôt que de se morfondre seul dans un coin du flamboyant Vegas. Vegas c'est fait pour ça, la fête, le jeu. C'est ce que vous vendent les agences de voyage: on y trouve toujours une façon de s'amuser. On pourrait se demander si Circé s'est longtemps torturé l'esprit en prenant sa douche puis en choisissant ses vêtements. Oui, mais là, on n'a plus le temps. On peut à la rigueur l'imaginer intimidée, nerveuse, lorsqu'elle descend en ascenseur jusqu'au niveau du hall. Mike est là, en conversation avec les copines. Elles sont toutes là sauf Nat. Circé est contente de se fondre dans la masse. Ni la première, ni la dernière, ça lui va tout à fait. Mike lui sourit. Elle fait un signe. Finalement, Mike constate qu'il s'amuse avec les filles. Elles sont un peu bruyantes, mais elles savent raconter des blagues, entretenir une bonne ambiance. Il n'est pas en reste. Après une déambulation touristique sur le Strip, ils optent pour un repas médiéval dans l'hôtel Excalibur. Tout le monde connaît la légende du roi Arthur. Ca permet d'alimenter les discussions. Le temps passe agréablement. Mike parle à ses voisines. Circé ne se joint pas à cette conversation. Elle se le reprochera assez, une fois la soirée finie. Remontée dans sa chambre, elle est plus seule que jamais. Mike aussi s'est laissé entraîner par l'enthousiasme volubile du groupe, le temps de la soirée. Maintenant dans sa chambre, il se retrouve face à ses ombres. Un avenir incertain, menaçant même, l'attend, tout proche. Les Grecs disaient que l'avenir repose sur les genoux des dieux. Mais, bien plus tard, ce même soir, qu'est-ce qui a poussé Mike à se lever, quitter sa chambre, aller frapper doucement à cele de Circé ? Mike franchit le portillon revolver de son hôtel. Il se dirige vers l'ascenseur. Il entre, appuie sur le bouton de son étage, 17. Il est seul dans l'ascenseur. La porte va se refermer. Quel calme! Monter à sa chambre. Prendre une douche. Soudain la porte de l'ascenseur se rouvre et quatre filles bruyantes entrent. L'une d'elles, un peu ronde, glousse. Mike sent qu'il est observé, et que les commentaires le concernent. Ses yeux se lèvent par curiosité. Il parcourt du regard le visage des filles. Se voyant regardées, elles rougissent. La plus ronde se décide à lui parler. C'est elle le boute-en-train, le porte-parole. Elle désigne une fille timide et dit: -C'est l'anniversaire de Circé. Elle est timide avec les beaux garçons. Des rires étouffés se propagent en fond sonore. Mike sourit, amusé: -Ah oui? Je m'appelle Mike. Bon anniversaire Circé. Circé le fixe un moment, incapable de répondre. Une amie la pousse du coude. Alors finalement, d'une voix claire de soprano, elle se lance: -Merci Mike. Mike a joué le jeu avec une apparente décontraction, mais maintenant le voilà gêné à son tour d'avoir causé l'inconfort de Circé. La meneuse a une lueur dans le regard: -Mike, vous avez des copains? -Tout plein mais pas ici. Pourquoi? -Alors c'est pas marrant. Vous êtes tout seul ici. Ils vous ont lâché? -Oui, c'est un peu ça. Je ne leur en veux pas. Ils n'avaent pas le choix. Quelque chose d'urgent à faire, alors ils ne sont pas venus, et moi, je suis là. -Mike, vous voulez nous retrouver en bas dans une heure? Mike hésite. Pas longtemps. Juste un peu. -Bonne idée. Merci. D'accord, dans une heure! Il fait un signe de la main en descendant de l'ascenseur. Quelques minutes plus tard, dans 5 chambres, 5 douches déversent de l'eau chaude sur 5 corps nus. Quatre femmes, un homme. Qu'est-ce que ça peut donner, tout ça? Nat, la plus hardie du clan, se dit: -Ce Mike, il me plaît bien. Mais bon, ce soir, c'est l'anniversaire de Circé. Le cadeau, joliment emballé, avec des rubans, c'est Mike. Circé, si ça marche, tu as vraiment de la veine. Il est bien foutu ce gars. Sous une douche parallèle, Circé tourne et retourne ses idées: -Dans quel piège je me retrouve. Ce type, Mike me semble bien ironique. Il y a de quoi: Nat est un peu sans-gêne, et les autres n'arrêtent pas de pouffer et glousser. Il ne doit pas avoir une bonne opinion de nous. Des filles entre elles. Un groupe un peu ringard. Moi aussi, je les trouve sympas, mais il y a des jours où je ferais sans. -Ce Mike, au fond je ne l'intéresse pas. Il est poli, c'est tout. Elle se savonne, se rince et soupire: -Merci Nat. Je vais juste être ridicule. Une fois de plus. Mike, sous la douche. Il vivait en temps limité le peu de temps qui lui reste à Vegas. Il ne réfléchissait pas trop. Il s'adaptait aux choses telles qu'elles venaient. Bon, cette Nat un peu espiègle lui avait mis sa copine Circé dans les pattes. Ladite Circé semblait bonne fille, sympa, mais vraiment coincée. Pas le genre de Mike. D'un autre côté, mieux valait passer la soirée avec un groupe de filles qui rigolaient, plutôt que de se morfondre seul dans un coin du flamboyant Vegas. Vegas c'est fait pour ça, la fête, le jeu. C'est ce que vous vendent les agences de voyage: on y trouve toujours une façon de s'amuser. On pourrait se demander si Circé s'est longtemps torturé l'esprit en prenant sa douche puis en choisissant ses vêtements. Oui, mais là, on n'a plus le temps. On peut à la rigueur l'imaginer intimidée, nerveuse, lorsqu'elle descend en ascenseur jusqu'au niveau du hall. Mike est là, en conversation avec les copines. Elles sont toutes là sauf Nat. Circé est contente de se fondre dans la masse. Ni la première, ni la dernière, ça lui va tout à fait. Mike lui sourit. Elle fait un signe. Finalement, Mike constate qu'il s'amuse avec les filles. Elles sont un peu bruyantes, mais elles savent raconter des blagues, entretenir une bonne ambiance. Il n'est pas en reste. Après une déambulation touristique sur le Strip, ils optent pour un repas médiéval dans l'hôtel Excalibur. Tout le monde connaît la légende du roi Arthur. Ca permet d'alimenter les discussions. Le temps passe agréablement. Mike parle à ses voisines. Circé ne se joint pas à cette conversation. Elle se le reprochera assez, une fois la soirée finie. Remontée dans sa chambre, elle est plus seule que jamais. Mike aussi s'est laissé entraîner par l'enthousiasme volubile du groupe, le temps de la soirée. Maintenant dans sa chambre, il se retrouve face à ses ombres. Un avenir incertain, menaçant même, l'attend, tout proche. Les Grecs disaient que l'avenir repose sur les genoux des dieux. Mais, bien plus tard, ce même soir, qu'est-ce qui a poussé Mike à se lever, quitter sa chambre, aller frapper doucement à cele de Circé ? Mike franchit le portillon revolver de son hôtel. Il se dirige vers l'ascenseur. Il entre, appuie sur le bouton de son étage, 17. Il est seul dans l'ascenseur. La porte va se refermer. Quel calme! Monter à sa chambre. Prendre une douche. Soudain la porte de l'ascenseur se rouvre et quatre filles bruyantes entrent. L'une d'elles, un peu ronde, glousse. Mike sent qu'il est observé, et que les commentaires le concernent. Ses yeux se lèvent par curiosité. Il parcourt du regard le visage des filles. Se voyant regardées, elles rougissent. La plus ronde se décide à lui parler. C'est elle le boute-en-train, le porte-parole. Elle désigne une fille timide et dit: -C'est l'anniversaire de Circé. Elle est timide avec les beaux garçons. Des rires étouffés se propagent en fond sonore. Mike sourit, amusé: -Ah oui? Je m'appelle Mike. Bon anniversaire Circé. Circé le fixe un moment, incapable de répondre. Une amie la pousse du coude. Alors finalement, d'une voix claire de soprano, elle se lance: -Merci Mike. Mike a joué le jeu avec une apparente décontraction, mais maintenant le voilà gêné à son tour d'avoir causé l'inconfort de Circé. La meneuse a une lueur dans le regard: -Mike, vous avez des copains? -Tout plein mais pas ici. Pourquoi? -Alors c'est pas marrant. Vous êtes tout seul ici. Ils vous ont lâché? -Oui, c'est un peu ça. Je ne leur en veux pas. Ils n'avaent pas le choix. Quelque chose d'urgent à faire, alors ils ne sont pas venus, et moi, je suis là. -Mike, vous voulez nous retrouver en bas dans une heure? Mike hésite. Pas longtemps. Juste un peu. -Bonne idée. Merci. D'accord, dans une heure! Il fait un signe de la main en descendant de l'ascenseur. Quelques minutes plus tard, dans 5 chambres, 5 douches déversent de l'eau chaude sur 5 corps nus. Quatre femmes, un homme. Qu'est-ce que ça peut donner, tout ça? Nat, la plus hardie du clan, se dit: -Ce Mike, il me plaît bien. Mais bon, ce soir, c'est l'anniversaire de Circé. Le cadeau, joliment emballé, avec des rubans, c'est Mike. Circé, si ça marche, tu as vraiment de la veine. Il est bien foutu ce gars. Sous une douche parallèle, Circé tourne et retourne ses idées: -Dans quel piège je me retrouve. Ce type, Mike me semble bien ironique. Il y a de quoi: Nat est un peu sans-gêne, et les autres n'arrêtent pas de pouffer et glousser. Il ne doit pas avoir une bonne opinion de nous. Des filles entre elles. Un groupe un peu ringard. Moi aussi, je les trouve sympas, mais il y a des jours où je ferais sans. -Ce Mike, au fond je ne l'intéresse pas. Il est poli, c'est tout. Elle se savonne, se rince et soupire: -Merci Nat. Je vais juste être ridicule. Une fois de plus. Mike, sous la douche. Il vivait en temps limité le peu de temps qui lui reste à Vegas. Il ne réfléchissait pas trop. Il s'adaptait aux choses telles qu'elles venaient. Bon, cette Nat un peu espiègle lui avait mis sa copine Circé dans les pattes. Ladite Circé semblait bonne fille, sympa, mais vraiment coincée. Pas le genre de Mike. D'un autre côté, mieux valait passer la soirée avec un groupe de filles qui rigolaient, plutôt que de se morfondre seul dans un coin du flamboyant Vegas. Vegas c'est fait pour ça, la fête, le jeu. C'est ce que vous vendent les agences de voyage: on y trouve toujours une façon de s'amuser. On pourrait se demander si Circé s'est longtemps torturé l'esprit en prenant sa douche puis en choisissant ses vêtements. Oui, mais là, on n'a plus le temps. On peut à la rigueur l'imaginer intimidée, nerveuse, lorsqu'elle descend en ascenseur jusqu'au niveau du hall. Mike est là, en conversation avec les copines. Elles sont toutes là sauf Nat. Circé est contente de se fondre dans la masse. Ni la première, ni la dernière, ça lui va tout à fait. Mike lui sourit. Elle fait un signe. Finalement, Mike constate qu'il s'amuse avec les filles. Elles sont un peu bruyantes, mais elles savent raconter des blagues, entretenir une bonne ambiance. Il n'est pas en reste. Après une déambulation touristique sur le Strip, ils optent pour un repas médiéval dans l'hôtel Excalibur. Tout le monde connaît la légende du roi Arthur. Ca permet d'alimenter les discussions. Le temps passe agréablement. Mike parle à ses voisines. Circé ne se joint pas à cette conversation. Elle se le reprochera assez, une fois la soirée finie. Remontée dans sa chambre, elle est plus seule que jamais. Mike aussi s'est laissé entraîner par l'enthousiasme volubile du groupe, le temps de la soirée. Maintenant dans sa chambre, il se retrouve face à ses ombres. Un avenir incertain, menaçant même, l'attend, tout proche. Les Grecs disaient que l'avenir repose sur les genoux des dieux. Mais, bien plus tard, ce même soir, qu'est-ce qui a poussé Mike à se lever, quitter sa chambre, aller frapper doucement à celle de Circé ?

29 novembre 2006

Adios Las Vegas (1)

Chapitre 1

Mike, 27 ans, a passé la journée au soleil du Nevada. Il a soif. Ce n'est que maintenant qu'il le remarque. Il est sur le Strip, l'avenue centrale de Las Vegas. Il vient d'arriver au bout de la partie construite, bordée d'hôtels. Il rebrousse chemin. Les hôtels de ce bout du monde avant le désert déclinent des thèmes de l'Orient, du Sahara, d'Aladin, et ont un peu vieilli. Dix ou quinze ans? C'est vieux ici, très vieux pour un hôtel. Mike, imprégné de cette ambiance surannée, entre dans un centre multi-restaurants populaire. Il se commande un sorbet au citron, et se met en terrasse intérieure dans l'air conditionné. Son corps évacue la chaleur. Ca fait du bien. Militaire, prêt à partir pour le désert, le vrai, sans air conditionné, Mike passe une semaine de permission à Las vegas. Il devait y retrouver une bande de copains, mais eux ont dû annuler. Ils ont été appelés en opérations plus tôt que prévu. Lui, il avait payé son séjour, donc il est venu.
Que peut offrir Las Vegas à un militaire en permission?

La détente des spectacles: chanson, danse, comédie musicale, théâtre. La scène de Las Vegas est variée.
Le jeu: machines à sous, casinos au petit gling gling permanent, où des hôtesses court-vêtues et aux amples décolletés vivent de pourboires en servant des boissons gratuites aux joueurs.

Les prostituées "dans ta chambre en quinze minutes" annoncées par les panneaux circulants sur des pick-ups qui parcourent le Strip en permanence.
Le shopping, en particulier des objets thématiques correspondant au style de chaque hôtel. Mike aime bien les lions du MGM Grand et du Cesar's Palace.
Il y a même des galeries d'art et des expositions.
Tiens, pourquoi pas? Couleurs intéressantes: Venise au XVIIIe siècle, études de perspective déformée: selon une sphère où un ellipsoïde. Tiepolo, et d'autres. Mike s'immerge dans l'art baroque. Il laisse chanter en lui les verts, les oranges et les jaunes. Un calme maritime établit son empire. Tableau après tableau, plaisir méditatif. Sensation rare et nouvelle: Mike n'est pas fanatique des musées, mais ces vacances il faut bien les remplir, s'en servir pleinement. On ne sait pas ce qui viendra après. Peut-être rien justement. Ne pas mourir. Bon, mourir c'est possible mais soit c'est pas de chance, soit c'est la conséquence d'une fausse manoeuvre,d'une maladresse, d'une imprudence. Rester pro, c'est le plus sûr moyen de se prémunir contre l'erreur. Comme au jeu vidéo, en opérations, il faut être concentré mais pas crispé, rester un peu détendu.
Vivre un tableau, le laisser entrer en soi, en même tempsl'absorber, puis comme en prime, passer au suivant. Cela deveient un jeu, presque un jeu vidéo: on gagne un niveau, on change de tableau. Mike s'aperçoit que le même procédé marche dans une exposition, avec un jeu de couleurs.
L'exposition se poursuit par des oeuvres contemporaines reprenant les structures géométriques sous-tendant les volumes des oeuvres baroques, voire la palette, en réinterprétant, en battant les cartes pour redonner la pointe de l'esprit baroque, ce facteur unique et rare d'étonnement. Mike se réjouit en se disant qu'il est encore temps de se remplir les yeaux de sensations intéressantes.
Les yeux dans l'harmonie visuelle de Tiepolo. La langue dans un sorbet au citron. C'est acide et rafraîchissant.
A SUIVRE...

24 novembre 2006

Relations textuelles: roman en ligne (avant-propos)

Je viens de publier sur ce site mon roman en ligne Relations textuelles.
C'est une histoire internautique, qui devrait éveiller un écho, je l'espère, chez les internautes et internautesses.

A vous de me dire.
Commentez sur le site, où écrivez-moi:
artus_novel@hotmail.fr

J'espère que mon histoire vous amusera.

Bonne lecture

@Artus Novel@

Relations textuelles (7)

Avertissement: cette histoire n'est pas pour les moins de dix-huit ans. Majeurs, bonne lecture.
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EPILOGUE


l’histoire qu’on pouvait lire
sur le site de Zéphyr


The day Natacha met Boris

This story takes place in one of these remote capitals of the former USSR. Natacha and Boris might have never met if the US Department of Defence had not had the strange idea to develop a revolutionary war network, against USSR, whichvwas called ARPANET in its infancy years, and is now universally known as The Internet, as you have The Tadj Mahal and The Grand Canyon.
It took Natacha a long time to decide to own her own PC as other people own their car. Boris, a scientist in Novosibirsk, Siberia, had always been interested in computing, first with mathematically intensive simulation initially run on early Russian computers, and since the collapse of USSR, on networked PCs. As soon as e-mail became available to scientists, he had made good use of it, for efficient interaction with all fellow researchers of his very narrow field, all over the world.

To understand the event about to happen, we have to go back in time, 4 months earlier. This was during the last beautiful days in Novosibirsk, as well as Slavograd. Soon, the first snow will fall and temperature will drop drastically, forcing people to dress with many layers of winter cloths, and just have their eyes in contact with the outside air. Boris enjoys these beautiful days, the last opportunity for enjoyable cycling, sitting outside, walking in the country side, well living as people do in countries with a temperate climate.
So does Natacha.

Boris does not fear the long winter, ideal for the scientist's monk life of meditation in silence. After all here is one reason for setting up the best research laboratories of USSR outside of the political and cultural turbulence of Moscow, in a remote and quiet place.

Natacha sometimes gets depressed on winter days which are more night than day. Not enough light, not enough possibilities to go outdoor without risking your life. Her chlorophyllian functions suddenly get mad. Get out of the Big Sleep, wake up to life, escape the White Death.
Natacha is a top ranking nurse in the Slavograd Institute for Mental Illnesses. Natacha is dedicated to her patients like no other nurse. She would have obtained the medal of the hospital in the glorious days of USSR, when people still placed serving the community very high in the labour hierarchy. Today, being a nurse, even in a major hospital of Slavograd, does not get you much popular recognition. Business czars are the heros of the day, even if they are sometimes caught at the border of the legally acceptable behaviours. Few among them belong to the mafia, but this is a subject for life-like entertainment in the newspapers, not for the present story. Except that Natacha went to a party during the summer, and met somebody who seemed to her charming, until it became clear to her, that this handsome and elegant man, did not make his money in a completely honest way. She decided to take some distance from him.

She had heard from friends that the Internet was fun, and helped get you entertained through the winter. She started inquiring on PCs prices and features, and bought one. With her friend Alexandra, a younger nurse just arrived from Moscow, she started surfing on the Internet, discovering a wealth and a jungle of information, true and half-true mixed. The special interest discussion groups interested her immensely. She was soon able to discuss anonymous patient cases with colleagues all over the world, get or give advice, always reassuring when you face daily pressure of being kind to mentally ill patients. It felt good being in the club, even if only online, a sense of sharing and community was always there.

She also tried philosophy groups, history groups, and enjoyed them all. However, her favourite was undoubtedly the New Russian Poetry Council (NRPC), which referred ironically to the old Soviet organisation applied to anything, from shoe production to art. The members of NRPC sometimes posted poems mimicking the old-style praise of glorious heroes. They had agreed on a call for poems on most glorious roles in the USSR.

Natacha smiled when she read the call. In no time she had written an enthusiastic text glorifying with humour the coal mining heroes. Now, after having met Boris, she has many times looked back and thought that she had missed the tragic dimension of the mine: the mine accident, this claustrophobic horror seen too many times in any mining country. For her first text on the heroes of USSR, Natacha did not spend much time on read-proofing. She remembered half with pride, half with bitterness her father Ivan, who had been a miner for 15 years.

She did not feel like analysing the reasons for the bitterness associated with the memory of her father. It just was not the right time, maybe later.

Boris, as experienced as he was with the use of the Internet for scientific purposes, had never thought of it as a medium for other personal use, like entertainment, meeting new friends, having fun, experiencing emotions. Among the scientists, Boris had some good friends. People with whom he could joke and laugh online. They were using a Linux-based instant communication
system for chatting. One of the friends told him about the poetry site with a challenge on the heroes of USSR.

When Boris saw Natacha's poems, he smiled. USSR was there again, with its grand patriotic style, hymns and chants to the glory of the People. The Leninian adaptation of the Marxist theory had created an autonomous language, full of abbreviation for the Central Committee of the Communist Party, the Federations of Farmers and Workers of all kinds. In his own professional field, committees of scientists with newsletters and events had been created by the Revolution and stabilised under Stalin, their skeletons still in existence in the new Russia.

He smiled, but the nostalgic memories were mixed with the oppressive constraints people had to face in those days: every travel needed an approval from a local secretary at minimum, you could not say your opinion, nobody could be trusted.

He read the profile of the author of the poems Natacha: nurse in a mental instution. Immediately he drafted a small comment, half ironic, half supportive:

"O glorious nurse,
who serve our People in a Mental Hospital,
be the sympathy of the comrades active at the cold frontier of science with you.
signed: Boris, researcher, Novosibirsk."

Once he had posted his comment, he thought again about the nurse Natacha, and asked himself how she felt at present, in these post-USSR days where money became increasingly important for maintaining a just acceptable living standard, and was scarcely available to civil servants like the nurses working in hospitals, and the researchers from public institutes.
He felt sad for her, and he understood a hidden message behind the glorifying portrait of a USSR hero: the present, dull, with little hope, lots of worries, white and grey as a winter day. His mind continued wandering. He took an atlas book out of a shelf, and looked for the city mentioned by Natacha: Slavograd. He had never been in that region, but had read reports about it, hence he had some idea of what Slavograd was like: boring, with no pre-Sovietic past, and probably little post-Sovietic future. Stagnation and resignation were the two keywords coming to his mind.
He decided to put his mood in words, in the form of a portrait of a glorious nurse in a Mental Hospital. One hour later he posted a 5 page portrait.
Natacha was online then, and was informed by his favourites links that a new portrait of USSR hero, "nurse hero" had been posted. On the same link page update board, she noted a comment on her Portrait. She went and read the comment. What did this Boris mean to say? He seemed little enthusiastic about her poem, somewhat sarcastic even. She then accessed the poem just posted by the same Boris. The man irritated her to some extent. He made her uneasy: she was the target, it was her portrait. Difficult to look away, think, and consider the poem from a distance. She was the "glorious nurse" and could not help thinking how close she was to the caricature made by this "Boris, researcher, Novosibirsk". He had a point, he had understood how dull her life could be at times, when she stopped thinking about her patients, and the relief she could bring them from the pain caused by their varied mental illnesses. This was a nonsensical nurse life, in a still bureaucratic system, which had lost its glory, its banners and hymns. Long hours, love and friendship given, nothing received, nothing. As if the mirrors would not reflect her image, because she was not worth it. She became very sad. Her eyes could not read for a few seconds. She closed them, in the moral pain of someone who has lost the path in life. She was so depressed, weak, low, immersed in her dark thoughts.

After a while, she recovered enough to post a comment:
"Boris, you have no idea how true your poem is, and how much pain you have caused.
signed: Natacha, nurse, Slavograd"

The presence of a new comment blinked on the display of Boris.
Boris was embarrassed, he thought:
-What have I done? That's me, hurting people's feeling, not being able to sense what aches for others.
-What can I do? How can I explain Natacha that there was no ill intention, and that I guessed she was feeling the same emptiness as me in our futureless situations?
He clicked on the return e-mail, and sent an invitation for a chat.

Natacha thought:
-Who is this guy like? What does he think I am? That I will accept his chat invitation? No way.

Then, her curiosity told her to go and see. Why not? I am in control. He cannot depress me more. Maybe I can have him apologise, and understand why you don't do that.
She selected accept, and waited without clicking:
-Go? No go? Go?
This went all very quickly. She realised she had ended up clicking when a double banner appeared for the chat.
The Boris line blinked: -Spasiba tovaritch! Thank you comrade.
Natacha smiled, still puzzled, unsure if she had done the right thing.

Boris continued:
-I am so sorry. I did not want to hurt you. Just the opposite, I wanted to communicate to you that someone had understood your mood when you wrote your USSR Glory poem.

Natacha:
Hello. So, you are sorry? I am not completely sure why, but ok. You know, you hurt me, you know that?

Boris:
Yes

Natacha:
Why did you contact me though? To hurt me more?

Boris:
To apologise

Natacha:
LOL, apologise. Do you often apologise?

Boris:
No, no need here: Siberia. You feel sorry for yourself as much as for others It's equality.

Natacha:
Novosibirsk?

Boris:
Great for science, dull for anything else. How about Slovograd?

Natacha:
Nothing for science. Provincial city. Boring overall, but one gets used to it.

Boris:
Yes, winter time anyway!

Natacha:
Winter should sometimes be beautiful! Not this one anyway

Boris:
Right. Natacha, what do you like about winter?


and the conversation continued for two hours. Silver words had replaced an ironed silence. They felt relaxed and comfortable, very curious about the other party.

Suddenly, Natacha's computer was blocked.
How irritating! Boris saw Natacha drop out in the middle of the chat. He thought there must be a reason. So he switched to his e-mail system, and sent her the following:

From: Boris
To: Natacha
Subject: winter
Natacha, meet me tomorrow same time. OK?
Good night
Boris.

Natacha could not connect back. So she gave it up, and went to bed, relieved to have been able to speak to someone, somewhat sorry not to have been able to say goodbye before leaving.

Boris connected on the next day, same time, as he had offered. He visited his favourite sites, and did not see Natacha online.
He thought:
-Maybe she has blocked me, so I can't see her even when she's online? Why did she drop in the middle of our chat? A boyfriend? What could it be?

Boris liked analysing things. While this proved quite useful in science, in life, it created complexities even where things were simple and clear. Typical Boris!

On this very day, Natacha worked the night shift. She had a break around 11pm, and used the break to connect from the nurses' office. She saw Boris online, and said

Natacha:
Hello

Boris:
Hi Natacha. You are there? Have you got my e-mail?

Natacha:
No

Boris:
OK. How was your day?

Natacha:
Well, as usual. I'm on the night shift tonight.

What Boris and Natacha had not realised yet, is that they would connect and meet online virtually every evening. An attachment was born, which grew, without saying its name, and made their winter beautiful. Time went by, and Boris invited Natacha to meet for real, in a spa, in Crimea. Natacha wanted very much to meet Boris. However, at the same time she was unsure. Of course she trusted the man whom she had got to know very well through months of communication. But still, you never know. There was a risk. She had never dated on the Net first. She spoke with Alexandra, her closest friend. Alexandra said:
-You go. You may be disappointed, but at least you'll know. Not going would mean to bear regrets for the rest of your life, having missed a potentially wonderful opportunity.
He may not be the man of your life. But, what if he is?
Natacha agreed, she packed her best clothes, bought some new ones. She wanted to please Boris. Was it about seducing a man? Natacha asked herself all these questions:
-Will he like me?
-Is my body of any interest to him?
-What if I do not match the idea he has built of who I am?
-Is he as kind as he seems?
-Will I like him as much for real as on the Net?

Boris, used to living with theories, and sometimes verifying hypotheses through experiments, had quite an other set of questions:
-Our conversations have brought us so close. Can we get closer in the physical world?
-Aren't words enough? Will we increase or diminish our mutual attraction by seeing each other.
-Does she want to make love? Wouldn’t it be better, to go on a soft date first? Can we resist each other? Temptations, what will they be?
-What does she expect from me?
-Am I enough for her?


Curiosity, mutual attraction, and an abstract form of distance love, were mixed in a magnetic force which was now pulling them together. Each one flew to Crimea thinking about this, reviewing his/her own life so far. It was felt to be a new page in their life story. Was it to be a new start, a new birth?

Boris was not religious, he was a real scientist. He believed in the power of the mind, and in the mastering of nature by man using mathematics and all the other sciences. When he started his journey to meet Natacha for the first time, no relief could be found in science. He was on his first pilgrimage. Crimea was his Mecca, his Promised Land. More precisely, he felt he was to walk barefoot, purify his body in a sacred river, be dressed in a simple white robe, repentant of his past, made of missed opportunities, wrong decisions, failed actions. He was to go to a fountain of youth.
This is where he imagined Natacha would be. Ideal woman? Real woman, with a shared ideal? A bit of both.
He knew he was not able to comprehend what would happen. He expected to fill his eyes and ears and mind with memories, which could take a whole life to analyse and understand.

He was ready for Natacha.

Natacha's flight came first. She sat in the airport cafeteria, and had a pea-soup. It was so cold, no perceivable heating. She kept her two layers of coats and her hat on. She knew she did not look as great as without the coats and hat. That worried her, but the cold was there to stay. It had been agreed that they would meet in the cafeteria. They did not expect much of the cafeteria, and they were right. There was a mixed smell of vegetables, coffee, and cigarette.

Natacha and Boris had exchanged some id pictures on the Net. Natacha knew vaguely whom she was expecting. Each man entering the cafeteria woke her attention. None could have been Boris. When Boris entered, she was sure it was him. Her heart started beating faster. Boris was looking left and right, as someone who is late, and tries to catch up. His eyes met Natacha's. They smiled at each other, surprised, and pleased. Boris' hands were cold. Natacha took them between hers, and warmed them. Boris had been uncertain how to behave. Should he leave some distance between them, to avoid shocking Natacha by too quick an approach? Would he seem open and cheerful enough? Everything was different from the plan. He had known it would be different, but still was surprised how unexpected everything turned out to be, how much nicer in fact.
Natacha had warmed his hands in hers. They were sitting, having tea, the usual drink to get warm in winter. Their eyes did not stop meeting. It felt good. All worries and questions were abolished. They were sailing on a quiet sea. As the warmth was entering their bodies, they felt the need to stand up, and be outside of this place, walking together. Outside meant facing the cold evening. The bus terminal was on the other side of a big parking lot, full of lorries. They got lost in the middle of this vast parking, between two tall lorries, and took the time to hold each other, softly insert their hands in each other's coats, closer to the body, yet still not touching the skin. Their embrace lasted a long moment, long with no notion of time any more.

The night was young. They took the bus and arrived at the best hotel they had been able to find. It was a holiday resort. It must have been used formerly by the senior members of the Communist Party, and later was not maintained with the required efforts. Never mind, it was still better than the average, and the magic of Crimea could operate. Natacha and Boris carried their happiness in their coats.

Natacha was not as shy as she feared when they stopped at the hotel reception for the keys. Boris spoke with the receptionist, a 50 year old woman, who had probably seen many big shots of the Old Regime. Boris wanted to bring a smile on the face of Natacha. So his intonation started imitating in a credible manner the tone of a Party executive. He had taken his model in the director of the Research Institute where he was working, an old timer. This worked well, and brought a positive feedback from the receptionist, who answered in the old respectful comrade tone.

They got their key. On the lift, Boris opened his hand to show Natacha the key. A question to her? An invitation? She took the key laughing. She opened the room, their first room. They already knew it would be so much more, so much farther than anything they had expected. Their hearts were beating in tune. The luggage were left in a corner. Undressing started. It could have been clumsy, each one wearing two coats, as a symbol of the heavy winters of Siberia.
Boris felt the body of Natacha shape under his fingers, as he carefully unbuttoned the outside coat of Natacha. She looked pleased and was giving her body to his touch, slightly shivering as one button after the other was opened. Her head went back. She released her long hair from the hat and said:
-Boris, please...
encouraging him with her hands on his shoulders.
She started touching his face with her palms. Boris was on fire. He proceeded with all the care he was still capable of, and the second coat fell on the wooden floor as a signal, announcing the body of Natacha. Natacha could not wait. She hurried sliding her gown down, and opening the trousers of Boris. Her hands moved with precision, as if she had known him forever. At no point did she have to think before acting, everything came by instinct. She was amazed at the ease of every step leading to their first eye contact with their most private parts. Boris touched her breasts through her red silk bras. Natacha felt a growing wave of pleasure shake her. She felt the stiffness of his shaft by inserting her hand in his trousers. It surprised him, and made him kiss her, a long and deep kiss. Their tongues rotated and mixed, up/down, down/up. She wanted him in her. She had waited so long, desired him so many nights.

Boris knew what Natacha expected, at once he was sure of what to do and he did it. He had left every inhibition, he was exploring Natacha's body completely, with a growing heat he could not resist. He smelled her, and was filled with the joy of worshipping his Goddess of love, smelling this magic incense. His tongue followed his nose, and he tasted her clit and cunt. The clit became swollen, calling his shaft. They were rubbing against each other, in a passionate embrace, and soon Natacha pushed him slowly and made him lie on his back. She watched him up and down, with no shame, and impaled herself accurately. Their eyes kept an intense contact, and intensified what the skins conveyed.
She came looking at him, and he joined her, releasing months of accumulated desire. She felt the intensity of his orgasm, and was again agitated by a huge wave of pleasure which made her moan very loudly through the night.

The morning came, with dim light. They woke up, looking at each other in astonishment. How marvellous! Could it be half true, as this half morning with half intensity light? The hated winter had transformed itself in the wonderful moment celebrated in traditional songs: the time for love and heat, on a white background of snow and ice.

Natacha closed her eyes for a minute, daydreaming she was skating with Boris, and that both had become extraordinary skaters, as in this old movie she had watched so many times: “The winter of Macha Alexandrovna”, a black and white movie of 1962. She was really the Macha she had always wanted to be, and this winter was her winter. Never in her life had she felt as close to a man: Boris. She knew that whatever might happen -and many things could happen in Great Russia- this first night together would stay on her mind as long as she would live -which may be short, she told herself by experience, having seen so many health tragedies in her life as a nurse-.

Boris did not close his eyes. He was full of the light of the clear skin of Natacha. He was not able to think very much, but was very focused on recording every sensation of this time with Natacha. He was filling his brain with memories, with not time or capacity to analyse them yet. He knew the time would be plenty when he would think again and again of this night. He felt the hours, the minutes, the seconds multiply themselves, amplifying their meaning in the galaxy.

When they had to part, of course they felt sad, but they knew that this sadness was negligible with regard to the huge fulfilment of having met each other.

Natacha's eyes had the time to become wet and red, to dry again, and to be covered with tears once more before she arrived home in Slavograd.

Boris, the scientists, for once could hardly reason, and let the flow of thoughts take him drifting on an ocean of stormy passion, during his home journey. He landed, or rather was stranded, on his bed instead of a deserted beach, when the waves weakened. The exhaustion overwhelmed him and he slept a deep and long sleep.


International tensions around energy will crystallise into a huge war. Boris and Natacha will be separated. Will they ever meet again? When and how?

As news agencies kept saying, the tension had kept increasing in the region. In the background was:

-Afxxxxxxxx
It had all started as a huge political catastrophe for USSR. This war of guerilla had broken the hopes of an entire generation. Bonfires were still burning, wounds had not healed yet.

-USA-Ixxx
The claim which had triggered the invasion had never been confirmed. Western troops had died in numbers after the invasion was completed. Ending clean was less easy than starting brutal. Politicians were under increasing stress to finish this… but how?
Oil, weapons, religions, civilisations, in a greasy mix nobody really understood.

-Gas shortage
A Russian pipeline crossing Ukraine stopped delivering gas to Ukraine, less able to afford the price than Western Europe.
The populations started to protest, and rebel here and there, against a winter with insufficient heating, recalling the worst days of Stalinism.

The “boiler” was ready to explode at any time. Boris was fully aware of it. As in the old days of USSR, his department had received more visits from Moscow civil servants in the recent weeks. They were asked about contingency plans for converting their research to nuclear energy production technologies.

Slavograd, Institute for mental health, February 1, 11:00
The nurse supervising the admission of patients calls her colleagues who are not busy with an urgent task. They gather briefly in the break room. The chief nurse reads a fax paper:
“-ITAR-TASS, Moscow, February 1
The energy tensions have resulted in mobilisation of reserve soldiers and officers of the first group. The active troops have already been deployed at our borders and on strategic sites, awaiting orders from the Chief of staff.”

The personnel of the hospital is worried. Someone turns the radio on. The speaker has a smiling voice:
“-Our troops are ready, no reason to worry. Life goes on as usual. Let us behave as dignified citizen of our beautiful country and everything will go fine. Our country is a world power and will behave as such.”

The chief nurse comments unconvinced:
-Sure, sure, that's what we'll do. Will it be enough to resolve the situation?
Everyone gets excited, aware of living a moment to be remembered, a turn point in their personal lives, as well as an event of unforeseeable consequences for the country.

Novosibirsk, Institute for nuclear research, 11:30
The chairman of the Institute is addressing all staff, researchers and administration, in the main auditorium. Today, silence is complete. Nobody dares to continue or start a private conversation with their neighbours. For once, everybody is listening to the boss:
“-Dear colleagues, you have read the press announcement. We are entering a period of uncertainty. This uncertainty concerns our environment, it concerns our private lives, but in no way will there be any uncertainty on our duties and on the tasks our countrymen expect us to perform. Our Institute knows what it has to do, the goals have been discussed and agreed collectively. We need to continue, accelerate and intensify our research, and put together a new family of nuclear power plants. We had a 3 year target to complete the currently engaged projects, recent events force us to reduce the time to achieve technology testing and transfer. In one year from now, the gap in energy production needs to be filled. Peace and the integrity of our country are at stake. Comrades -I measure my words, counting on you, each and all- comrades, we'll do it. Together we'll do it. As you will understand it, the current situation forces us to take additional measures:
-all holidays are suspended until further notice. Week-ends shall have similar working hours to week-days except for a doubled lunch break. Everyone gets 4 hours military & fitness training per week. Our Institute has become a strategic target and from now is receiving reinforced military protection. We are living in an electronic and radar detection bubble. Any aircraft entering the bubble will be destroyed immediately.”

Boris and his neighbour, the Chief Scientist of the Institute, Professor Andrei Bolkonski, exchange a puzzled look. Both know that they have just lost any control on their private and professional lives. They are now military scientific personnel, with total confidentiality constraints, and are banned from any unsupervised contact with the outside. Bolkonski will not give his yearly conference on advances in field theory at the Max Planck Institute for some time. Boris will not attend his workshop on theoretical physics of Les Houches, in the French Alps. More importantly he knows that communication with Natacha will be blocked most of the time, and messages going through will be filtered and altered.
Boris and Bolkonski comment briefly:
-We're trapped like rats. Probably like the Los Alamos team of the Manhattan project, when they developed the American nuclear bomb during World War II. The German scientists working on the V1/V2 missiles and the Me262 jet aircraft must have gone through this as well. At least we can see our objective as a civilian, non-destructive one.
-Nevertheless risk is not absent. The more so if we have to rush the project. Safety will be the first feature to receive cuts. Furthermore, the objectives of the big projects you mentioned were known to be reachable. It is less clear in our case.
-There is only one way: we need to work backward. We first have to build scenario, imagine the possible consequences and risks. Work on reducing them, and work back there on the development scheme.
In addition, our managerial assignment goes beyond the development of the new nuclear power plant family. We need to provide the political decision makers with guidelines on how quick the energy production gap could be filled. When will the “winter effect” be completely offset again?


TO BE CONTINUED