07 décembre 2007

La part de l'oeil (10)

Chapitre 10
Lenteur étrange
Rigo eut un moment d’hésitation, face à son écran d’ordinateur. La transmission était saccadée. De temps en temps, les informations arrivaient rapidement, puis le canal se bloquait, pour retrouver un haut débit. Rodrigo n’était pas habitué à cette faible qualité. Le fournisseur de connexion Internet était fiable, le problème devait être ailleurs. Rodriogo essaya plusieurs messageries, avec les mêmes résultats décevants. Alors il eut une idée : ile demanda à Ramona, son amie du moment, de se connecter en observant les temps de réponse. Ramona vérifia ses deux comptes. Tout semblait normal pour elle. Rodrigo ne dit rien mais s’inquiéta davantage. Ils sortirent prendre des tapas avec les amis de Ramona. Le bar s’appelait « la abuela » un nom courant mais de bon augure. Le propriétaire venait du Pays Basque. Il racontait bien volontiers des anecdotes sur les tapas basques, et décrivait ensuite la plage de San Sebastian, « La Concha », et les rues serrées de cette ville emblême. Le climat marin y est tellement plus humain que les contrastes continentaux de températures de Madrid. Rodrigo l’écoutait plus attentivement que d’habitude. Il observait aussi, les sens en éveil maximal, qui était dans la salle. Il reconnaissait facilement les basques à leur accent et à leur physique, mais il y avait aussi un type terne, à l’air mi-triste, dont la disposition apparente d’esprit détonnait avec le climat joyeux et bon enfant du lieu. L’homme gris buvait du cidre. Il mangeait trop lentement, avec application, sans appétit, machinalement. Le type épiait, prêtait l’oreille aux conversations, Rodrigo en était tout à fait sûr.

Vers 1h du matin, Rodrigo et Ramona rentrèrent, après une sortie qui les avait fait passer par trois ou quatre bars de tapas, le dernier juste pour un café « cortado ». Ramona alla sous la douche, et Rodrigo se connecta. Il s’aperçut tout de suite d’une bizarrerie. Un des e-mails qu’il n’avait pourtant pas pu lire, vu son heure de réception, n’apparaissait pas en gras comme les nouveaux messages, mais en grisé comme les messages déjà lus. C’était vraiment inquiétant. Quelqu’un s’était nécessairement connecté sous son identité. Il changea de mot de passe et se déconnecta après avoir vidé sa boîte de réception.

Ramona mit un certain temps à lui faire oublier l’incident –qu’il avait gardé pour lui- mais finalement, elle y parvint fort bien. Leur nuit se continua chaudement, comme il se devait. Ils s’endormirent épuisés vers 3h du matin.

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