10 décembre 2006

Adios Las Vegas (6)

Le temps est passé, celui du manque, de la déconnexion, celui qui fait mal. Mike est attaché à son siège d'avion. Il vole vers ce lieu d'opération, comme prévu depuis plusieurs semaines. La différence c'est qu'il se trouve maintenant dans la phase de réalisation, sans promesse d'après, juste la force pesante de l'être-là. Le plan et son exécution ont une saveur différente. Le plan est froid, rationnel, neutre, sans émotion. Par contre la mise en oeuvre, la mise-en-réalité, c'est une putain de sensation de faire une grosse connerie, de foutre sa vie en l'air, pire de foutre en l'air la vie de l'Autre tant aimée. Mike se dit:
-Je fais mon devoir, mais ma vie n'est pas là, n'est plus là. Il faut que j'en sorte. Je ne peux plus faire ça. Je ne peux pas faire ça à Circé, c'est à elle que je fais le plus de mal, en risquant ma vie dans cette guerre obscure.
Il tourne et retourne ses arguments, heurte sa tête au mur des contraintes inamovibles de son devoir, et de sa vie d'être humain. Pourtant, les émotions des derniers jours et les profonds changement qui l'on transformé, apportent un sommeil lourd à Mike. Au réveil, il est de nouveau dans le ton, à l'unisson de ses compagnons. Leur coeur est temporairement vide, leur esprit intégralement disponible, concentré sur leur mission et rien que sur elle. Ça aide. C'est la seule façon de ne pas péter les plombs. On arrête les conneries sentimentales, plus de temps pour le doute. Le sous-officier d'instruction avait une expression fleurie: la sodomisation gratuite de mouche en plein vol. Mike s'amuse à remarquer qu'il n'y a pas de mouche dans l'avion, pas de risque donc.

Aucun commentaire: