27 décembre 2006

La femme ailée (4)

L'opus maior de Stefano, selon Asphélia, c'était ces matins où, dans le lit chaud, il peignait pour elle et en elle. Son grand pinceau, partie intégrale et pensante du corps de l'homme, donnait un récital de sensations inouïes à la femme ailée. Après avoir exploré Asphélia sur un mode tactile précis et délicat, puis butineur en douce succion, introit son pinceau cylindrique et gonflé de gouache monochrome et chaude. Elle se sentait peinte du dedans, comme si un univers apparaissait en elle, une Création surgie du Chaos originel, paysages et portraits.Elle portait en elle une foule d'oeuvres, devenait grotte sanctuaire, abritant des oeuvres rupestres. Son humidité faisait vivre des mondes nouveaux. Le pinceau cylindrique de chair la nourissait de cette unique couleur translucide dont dérivaient toutes les autres teintes de la vie. En parallèle ou plutôt en entrelacement, en répons, Asphélia voulait couvrir le corps de Stefano d'écrits incantatoires, des mots d'une philosophie essentielle. Elle se voyait caressant toute la surface du corps de l'Homme, lui couvrant la peau d'un manteau verbal magique et doux. Ses mains caressaient, en des gestes calligraphiques, créant un tatouage sensoriel, un invisible graphique. Pour l'amour... Des mots en efflorescence. Asphélia étendait ses ailes sur Stefano, ils s'envolaient tous deux. Si haut. Un vol icarien.

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